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   Editorial

Et bien, c'est simple : l'idée est que nous ne pouvons plus accepter de nous laisser tyranniser par la politique du négativisme tous azimuts qui fait que l'on ne nous parle que de ce qui va mal, alors que partout dans le monde et à tout instant, des milliers de gestes, de paroles, de décisions, d'évènements, d'hommes sont porteurs de positif, d'espoir, de générosité, de progrès, d'humanité. Il est grand temps de se bouger : à nous de les chercher, de les débusquer, d'y prêter attention, et surtout d'en parler autour de nous.

Nous ne sommes pas programmés pour désespérer de tout. Nous sommes aussi capables du meilleur.

Mettons en route la spirale du "mieux sur terre" pour en finir avec la spirale infernale du négativisme et tous ensemble nous en sortirons vainqueurs, plus humains et  plus heureux encore !!!

Isabelle, une terrienne

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2 février 2019 6 02 /02 /février /2019 18:17
"J’ai donné mes cheveux à une association, et vous pouvez le faire aussi !"
J’ai donné mes cheveux à une association, et vous pouvez le faire aussi !

Alors non, ce n’est pas pour un quelconque collectionneur fétichiste, mais pour la bonne cause : selon l’OMS, chaque année 14 millions de nouveaux cas de cancer sont recensés.

Donner ses cheveux par solidarité avec les personnes atteintes de cancer, c’est possible !

Parmi les traitements, la chimiothérapie est l’un de ceux dont on entend le plus fréquemment parler et pour cause, selon l’Institut national du cancer, « en 2014, 2 563 000 hospitalisations mentionnant une chimiothérapie ont été réalisées dans les établissements de santé ».

L’un des effets secondaires possibles de ce traitement est la perte de cheveux. Beaucoup de patient•es décident alors d’utiliser une perruque, mais les prix de celles-ci, pour qu’elles soient de bonne qualité, sont souvent prohibitifs malgré les 125€ de subventions de la Sécu.

Voyez par vous-mêmes :

perruques-artificielles

Capture d’écran du site Oncovia

Et ça, ce sont les prix pour des perruques artificielles, sur un site dédié aux patient•es. Pour les perruques en cheveux naturels, c’est minimum autour de 700€ et bien souvent davantage autour de 1000€.

Solidhair, l’association qui récupère vos cheveux

Beaucoup de personnes, donc, ne peuvent pas se permettre des perruques naturels car la subvention de la Sécu n’est pas suffisante. L’association Solidhair a été créée pour récupérer des cheveux qu’elle vend aux perruquiers, comme me l’explique Sophie, sa Présidente :

« Ces mèches sont vendues au kilo à des professionnels (perruquiers et autres). Les mèches les plus longues seront, elles, vendues à l’unité et au poids. »

Grâce à ces revenus, Solidhair subventionne ensuite la perruque de celles et ceux qui en ont besoin. L’attribution d’une subvention est conditionnée aux ressources de la personne, et les dossiers de demande sont montés en partenariat avec leurs assistant•es sociales.

« Nous verserons la subvention soit directement au prothésiste et sur devis, soit nous la remettrons à la personne bénéficiaire après réception de la facture. »

Je me suis tournée vers Solidhair parce que c’est la première en France à avoir engagé cette démarche, mais il existe d’autres associations, en Belgique par exemple avec Coupe d’éclat.

big-25-ans-quatre-cancers

Je veux donner mes cheveux, comment faire ?

Il suffit d’une longueur minimum de 20 à 25 cm et que les cheveux soient en bonne santé.

Donner ses cheveux c’est en réalité relativement simple. Il y a simplement quelques conditions à réunir : chez Solidhair, il faut pouvoir couper au moins 25 cm et il ne faut pas qu’ils soient colorés (mais chez Coupe d’éclat, qui accepte les dons venant de l’étranger, 20 cm sont suffisants et les cheveux colorés acceptés !).

Il faut également que les cheveux soient en bonne santé. Mais pour le reste, qu’ils soient au naturels ou gris : tout est bon à prendre !

Il existe des coiffeurs conventionnés avec Solidhair un peu partout que vous pouvez trouver sur leur site :

« Actuellement nous recensons un peu plus de 800 salons de coiffure partenaires et dépositaires partout en France et à l’étranger. Nous avons deux types de partenariat avec des coiffeurs :

  • Soit, un salon « dépositaire » où l’on peut déposer sa mèche de cheveux ou se faire couper les cheveux à ses frais.
  • Soit, un salon « partenaire » où le salon s’engage à offrir la coupe ou une promotion libre de son choix, le shampoing et le brushing restant à la charge du donateur. »

27 centimètres en moins en un coup de ciseau !

Personnellement, je suis surtout allée voir le coiffeur le plus proche, même s’il n’était pas conventionné. Il m’a suffit d’expliquer brièvement la démarche à ma coiffeuse, qui m’a confirmée que c’était la première fois qu’on lui faisait cette demande.

On a attaché mes cheveux en queue-de-cheval avec un élastique en haut et un au milieu pour être sûre que tout tienne bien, et elle a coupé juste au-dessus.

Pour moi, il a fallu se contenter des mèches de derrière qui étaient les plus longues et les moins abîmées, mais j’ai tout de même récupéré une queue-de-cheval d’environ 27 cm !

cheveux-coupes

Tadaaam, mes « environ 27 centimètres » de cheveux !

Ensuite, il suffit d’emballer la queue-de-cheval dans un sachet congélation (ou dans du papier), de les glisser dans une enveloppe, et de l’envoyer à l’association à l’adresse qui convient. Pour Solidhair, c’est celle-ci :

Solidhair
14 rue des fauvettes
95450 Us-en-Vexin

Pourquoi donner ses cheveux ?

Pour moi, cette démarche n’a représenté quasi aucun effort. " J’avais déjà coupé mes cheveux aussi courts, il y a deux ans. Mais je les avais laissé repousser depuis un an et demi."

« Si avec si peu de choses, je peux faire du bien autour de moi, je n’hésiterai pas à recommencer. »

Au départ par flemme d’y retourner, parce que j’aimais bien aussi, et puis la découverte de cette possibilité de les donner quand ils auraient atteint la bonne longueur avait achevé de me convaincre.

Le résultat, c’est que même si selon certains j’ai de nouveau l’air d’une enfant (cela ne m’a jamais quittée) et selon d’autres pris l’apparence d’une jeune femme moderne et dynamique (non mais ça aussi je le suis de toutes façons)… je suis bien contente d’avoir coupé et donné mes cheveux !

Par 
 

Ne serait-ce que pour les réactions enthousiasmées, de ma coiffeuse, mais aussi de certains de mes proches qui ont été confrontés à la maladie, souvent dans leur entourage proche, et m’ont dit que ça les touchait beaucoup.

Si avec si peu de choses, je peux faire du bien autour de moi, je n’hésiterai pas à recommencer  : rendez-vous dans un an et demi !

par Esther.

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28 avril 2018 6 28 /04 /avril /2018 09:10
À Digne, des réfugiés évoluent comme bénévoles pour réparer les vélos.

   Sous sa casquette grise, engoncé dans un blouson marron, Tayeb grelotte. Le soleil matinal est encore caché derrière les montagnes, et il fait froid dans la cour de l’ancienne caserne de Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence). Il peut bien geler à pierre fendre, Tayeb, réfugié qui a fui la dictature et la répression policière soudanaises, suit chaque vendredi l’atelier de Second Cycles.

L’association a vu le jour officiellement en septembre dernier. « Mais, dès 2016, avec quelques amis, on s’est mis à retaper de vieux vélos. On les bricolait pour nous, entre copains ; juste pour le plaisir. »

Bonnet noir bien enfoncé sur ses boucles grisonnantes et grosse doudoune sur le dos, Lionel Clerc revient sur la naissance de la structure dont il est une des chevilles ouvrières. « En croisant des travailleurs sociaux du Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) ou de l’Adoma (structure d’insertion par le logement), on s’est rendu compte que les réfugiés logés autour de Digne n’avaient pas forcément de quoi se déplacer. Alors, on a commencé à leur donner des vélos réparés », résume ce jeune retraité.

Les réfugiés deviennent eux aussi bénévoles.

   L’ancien quartier général des pompiers dignois abrite désormais le pôle social de la ville : l’antenne du Secours populaire, celle des Restos du Cœur et un accueil de jour. Dans un des garages de la caserne désaffectée, les voitures du Centre communal d’action sociale font une place « au gros bazar » de Second Cycles, comme dit Lionel en souriant. Un joyeux capharnaüm de chambres à air, de potences, de selles et de garde-boue, dans lequel Raymond Ganzoin met de l’ordre.

Bénévole et instituteur à la retraite, comme Lionel Clerc, il détaille à Javed le vocabulaire du parfait mécanicien de bicyclette. « Dérailleur, pédalier, pignons… » Le jeune Afghan de 24 ans – qui a quitté seul son pays, « pour échapper aux talibans » – répète les mots avec application.

Emmitouflé dans un sweat-shirt bordeaux dont il a relevé la capuche, Javed vit depuis quatre mois à Digne-les-Bains. Il montre son vélo jaune et bleu : « Je l’ai réparé, alors maintenant j’aide à en remettre d’autres en état. Et puis, j’apprends aussi à parler le français. »

Des difficultés à se déplacer.

   Comme Javed, ils sont plusieurs dizaines de demandeurs d’asile éparpillés dans les alentours de la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence : une centaine dans un ancien village de vacances à Champtercier, cinquante à Malijai et autant à Digne.

« Beaucoup d’entre eux éprouvent des difficultés à faire les 5 km qui les séparent d’un cours de français ou d’un rendez-vous avec une association », continue Lionel. Il organise, quand le temps est plus clément, un atelier de réparation en plein air, aux pieds des HLM qui accueillent les réfugiés, dans la petite commune de Malijai.

L’initiative de Second Cycles vit grâce à un bel élan de solidarité des habitants. En quelques mois, l’association a collecté plus d’une centaine de vélos, en a offert quatre-vingts à des migrants, mais aussi à des familles sans gros moyens ou à des sans-abri. « Parfois, on jette le cadre, s’il est trop vieux, mais on récupère tout le reste », embraye Raymond Ganzoin qui range soigneusement dans des cagettes les chaînes, les poignées de freins et les dynamos. À ses côtés, Alseny, Guinéen de 19 ans hébergé dans une famille d’accueil, détaille comment on démonte, nettoie et remonte un vélo. « Avant, je ne savais pas le faire. J’ai tout appris ici. ça me fait du bien de venir, car je rencontre des gens », explique-t-il dans un sourire.

Un antidote à la solitude.

   Lionel et Islam – qui a fui l’Afghanistan, la guerre et l’EIIL (Daech) en 2011 – ont retourné un vélo sur une table. Ils bataillent avec le câble de frein récalcitrant d’un VTT qui leur a été donné le matin même.

Lutter contre l’ennui et offrir un antidote à la solitude pesante de ces jeunes hommes, loin de leurs pays et de leurs familles, est devenu l’autre finalité de l’association. « On n’a rien à faire ici », se désole Islam. Dans un français impeccable, le jeune homme, qui a été un temps mécanicien en Belgique, raconte son rêve d’une vie de famille et d’un vrai métier, « comme tout le monde »

« Ils sont seuls, c’est certain », abonde Raymond, juste avant la pause de midi. Il délaisse alors ses caisses de matériel pour déballer, dans une salle de réunion du pôle social, les plats préparés par son épouse. Ce midi, c’est feuilleté à l’olive noire et pâtes au roquefort.

« Discuter avec eux m’a permis de beaucoup relativiser mon sort ».

   Boubacar, Guinéen lui aussi, passé par le campement de la porte de la Chapelle, à Paris, vit à Digne depuis avril dernier : « Tant que je n’ai pas obtenu le droit d’asile, je n’ai ni le droit de travailler ni le droit de suivre une formation. Mais il faut bien que je m’occupe ! »

Alors, comme Alseny, en plus de venir bricoler les vélos de Second Cycles, il est devenu bénévole au sein de l’antenne locale du Secours populaire. Marine vient également chaque vendredi. L’ancienne étudiante en environnement finit de remplacer sa selle « en plastique moche » par une autre, plus ancienne, au cuir patiné.

« Je cherche du travail, glisse la jeune femme d’origine vendéenne. J’ai du temps, donc je fais du bénévolat. » Après une longue conversation avec Javed, elle poursuit : « Discuter avec eux m’a permis de beaucoup relativiser mon sort. Je n’ai pas de boulot, c’est vrai. Mais quand j’entends ce qu’ils ont vécu, je me dis que ce n’est pas la mort non plus ! »

Les réfugiés se sentent respectés

   Au fil de la discussion avec Javed, Islam, Tayeb ou Alseny, un mot très fort revient immanquablement : « Respect ». « Tout le monde ne comprend pas la dureté de ce qu’on vit, souligne Alseny. Mais ici, on nous respecte. » À ses côtés, Boubacar acquiesce. « Ce sont des humanistes », dit-il en désignant Lionel et Raymond. « Ils sont devenus mes amis. Ma famille aussi, car je n’en ai pas en Europe. »

Tayeb examine, avec Raymond, un petit vélo Motobécane beige et doré dont le garde-boue frotte avec obstination. Le jeune Soudanais est arrivé en France à pied, à travers la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), depuis l’Italie.

Auparavant, il avait traversé la Méditerranée, depuis la Libye. « Dans le bateau, on était cent au départ et plus que quarante quand on a été secourus », souffle-t-il. Dans l’atelier qui sent bon le cambouis, il conclut : « J’aime aider, et je me souviens comment on m’a donné de l’aide. »

de Coralie Bonnefoy, pour le journal La Croix, le 09/03/18

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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 18:28

À bord de vieux gréements en bois, l’équipage de l’association Les Marguerites met le cap sur des initiatives solidaires.

Les « partageurs » forment les futurs marins lors d’une sortie en mer.

(Les « partageurs » forment les futurs marins lors d’une sortie en mer.)

Depuis dix-sept ans, Alexis Robert accueille des personnes en détresse dans son « écolieu » de Paimpont (Ille-et-Vilaine), en forêt de Brocéliande. En 2016, plus de 1900 personnes en quête de paix intérieure ont trouvé refuge dans les petites maisons en terre de ce « poète jardinier ». « Depuis l’âge de 7 ou 8 ans, je ne suis pas très content de la société telle qu’elle est, et je ne veux pas que cela continue, sourit-il. J’ai inventé des choses pour savoir comment on pourrait s’en sortir, entre pauvres, pour relever la tête et pouvoir vivre. »

Alexis Robert, 78 ans, fait partie des « partageurs » repérés par l’association Les Marguerites : une personne généreuse, engagée dans une démarche solidaire, prête à témoigner de son action. Armés d’un appareil photo, d’un bloc de papier et d’un stylo, les bénévoles de cette association au nom de fleurs sont partis à la rencontre d’une dizaine de ces « partageurs », en Bretagne et en Normandie. Des reportages effectués à la voile, à vélo ou en auto-stop, pour limiter leur empreinte écologique.

À l’origine des Marguerites, en 2014, il y a Nicolas Le Corre. Propriétaire à Port-Louis (Morbihan) d’une goélette ancienne baptisée Marguerite, ce « photographe-journaliste-navigateur-charpentier de marine » a eu l’idée de proposer à des jeunes de naviguer sur son yacht. « L’idée, c’était de leur permettre de régater et de participer à l’entretien de ce navire construit en 1958. Puis, assez vite, les propriétaires d’autres voiliers anciens nous ont fait confiance et ont accepté de nous les confier », explique ce quinquagénaire, cheveux blancs et visage buriné par les embruns. Il est parvenu ainsi à réunir une quarantaine d’équipiers qui, pour vingt euros par an, peuvent régater sur des navires d’exception et contribuer à la conservation de bateaux d’intérêt patrimonial.

Plusieurs personnalités soutiennent l’association : la navigatrice Isabelle Autissier, le photographe Stephan Moitessier (fils du célèbre navigateur et écrivain Bernard Moitessier), ou encore Patrick Schnepp, directeur du Musée maritime de La Rochelle (Charente-Maritime). Assez vite, Nicolas Le Corre et ses marins ont souhaité élargir le cadre des courses au large de l’île de Groix et mettre le cap sur les « partageurs », souvent accompagnés d’un artiste, pour ajouter un regard différent à leur travail de reportage. L’illustratrice Liz Hascoët a ainsi croqué les reporters en herbe des Marguerites lors de leur visite du quartier des maisons colorées de Brest.

À Cherbourg, au bout de la presqu’île du Cotentin, ils ont interviewé Gérard Bourdet, fondateur des Voiles écarlates. Cet ancien gendarme embarque des jeunes en difficulté sur le voilier Croix du Sud III, un ancien langoustier de Camaret (Finistère), construit en 1934. « On accueille beaucoup de mineurs multirécidivistes, souligne celui-ci. Les centres éducatifs et les prisons pour mineurs, on connaît leurs limites : les jeunes sortent plus esquintés à la sortie qu’à l’entrée. J’estime qu’il y a d’autres pistes à exploiter. » Mais sa hiérarchie ne l’a pas soutenu. Le gendarme a même été convoqué, en 2008, au ministère de l’intérieur. « Mais je n’ai pas lâché le morceau, raconte Gérard Bourdet. Je savais que j’étais dans le vrai, il y avait des résultats. La protection judiciaire de la jeunesse me confiait des jeunes depuis quatre ans. » À force d’argumenter, le militaire a fini par convaincre. À condition de démissionner sans faire de bruit, il a donc pu ouvrir un centre pour les jeunes à Cherbourg. Aujourd’hui, l’un de ses protégés est devenu armateur et capitaine de Lun II, un deux-mâts norvégien reconverti dans le transport de marchandises produites en Amérique. Grâce au vent et aux voiles, le café biologique de Saint-Domingue (République dominicaine) ou le rhum de Marie-Galante (Guadeloupe) sont garantis sans CO2. « C’est un parfait exemple d’insertion », se félicite Gérard Bourdet.

Retour à bord du Marguerite. Aujourd’hui, le navire prend part à la régate Atlantique-Le Télégramme. Dans le carré, Élodie Sikora vérifie le bon fonctionnement du matériel électronique de navigation. La jeune femme de 27 ans, qui prépare l’agrégation d’histoire de l’art à Rennes, a rejoint l’aventure des Marguerites en 2016. « Je suis originaire de Roubaix. Je voulais absolument naviguer, sans avoir d’expérience de voile. J’ai cherché à embarquer dans plusieurs ports avant de rencontrer Nicolas et son projet Marguerite. C’est exactement ce dont je rêvais. Toutes mes passions sont réunies : la navigation, la photo, le côté artistique », se réjouit-elle.

Sur le pont en teck, une « écoute » à la main, Nina Celada, 22 ans, étudiante en lettres à Marseille, a traversé toute la France pour participer à la course. « J’ai fait du catamaran quand j’étais petite, j’espère que les gestes vont revenir vite », espère-t-elle. Nicolas la rassure : « La règle à bord, c’est de ne pas gueuler. Si une erreur est faite, eh bien tant pis, elle est faite. J’essaie de mettre les gens en confiance. Avec cette philosophie, on arrive vite à obtenir de très bons résultats et à jouer les trouble-fête dans les régates. » Adélaïde Lerebours, 35 ans, chercheuse en écologie aquatique, complète l’équipage. Entre deux manœuvres, on évoque d’autres « partageurs ».

Comme Violaine et Sébastien Hautchamp, une vingtaine d’années chacun, un couple qui s’est lancé dans l’élevage bovin sur l’île d’Arz. « On a répondu à l’appel lancé par la mairie pour exploiter une trentaine d’hectares disponibles. Nous avons une vingtaine de vaches, qui produisent 40 000 litres de lait. Nous sommes en bio. Sur une île, c’est quelque chose qui coule de source », commente Violaine.

Autre pétale des Marguerites, Julien Moreau. Cet éco-aventurier est parti seul en mer, debout sur un paddle, pour faire le tour complet de la Bretagne. Un voyage de quatre-vingt-six jours à la force des bras, pendant lequel il a rencontré une vingtaine d’établissements scolaires, afin de les « mettre en transition » : tri sélectif, produits d’entretien écoresponsables, moins de viande et plus de bio à la cantine… « Les partageurs nous invitent à porter un autre regard sur le monde », résume Élodie Sikora.

Avant de conclure : « Aujourd’hui, je suis sortie du rêve. Je le réalise. »

 Raphaël Baldos, le 23/02/2018, pour La Croix
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31 décembre 2017 7 31 /12 /décembre /2017 17:56
Pour répondre à la pénurie de ciment qui freine la reconstruction de l’enclave palestinienne, Majd Mashhrawi développe depuis 2014 le "Green Cake", une brique écologique créée à partir de cendres de charbon.

 

Grâce à l’ingéniosité d’une jeune palestinienne, la bande de Gaza pourrait bien renaître de ses cendres. Littéralement. Avec l’aide de sa camarade de classe Rawan Abdulatif, Majd Mashhrawi confectionne, depuis août 2014, des briques écologiques à partir de cendres de charbon.

L’idée lui est venue face à la pénurie de ciment que connaît la bande de Gaza depuis 2006. Suite à l'arrivée du Hamas au pouvoir, un blocus y est imposé par le gouvernement israélien pour éviter l'entrée d'armes et la construction de tunnels. Depuis, les matériaux de base ne sont que peu ou plus acheminés jusqu’à Gaza.

Pénurie de béton

La situation se dégrade en juillet 2014 lorsque la ville subit des bombardements israéliens lors
de l’opération militaire "Bordure protectrice". En plus du lourd bilan humain, 18 000 maisons sont endommagées et plus de 100 000 personnes se retrouvent à la rue. 

"Encore aujourd’hui, des maisons sont complètement en ruine et leurs propriétaires ne peuvent pas être fournis en matériaux indispensables à la reconstruction", explique la jeune femme dans les colonnes de Fast Company. "Pendant ma dernière année d’étude en génie civil, je n’arrêtais pas de me demander comment pourrait-on mettre un terme à cette misère ?"

Dans ce contexte, la jeune palestinienne décide de se tourner vers des matériaux alternatifs. Quel ingrédient local pourrait remplacer le sable et les gravillons – deux éléments essentiels à la confection du béton - tous deux importés d’Israël ?

 
La cendre : une solution écologique et économique
La solution : récupérer les cendres issues de la combustion du charbon et du bois utilisés pour la production d'énergie. Chaque semaine, ce ne sont pas moins de six tonnes qui partent en décharge. Majd Mashhrawi va réutiliser ces déchets comme matériau pour les parpaings. Un moyen de remédier à la crise du logement et à l'absence de recyclage dans la bande de Gaza.
 
Après de nombreux tests de résistance (compression, chute, incendie, humidité…), le Green Cake – c'est ainsi que ce matériau a été baptisé – fonctionne aussi bien que du béton ordinaire. À la seule différence que son coût est 25 % moins élevé et son poids inférieur de moitié à celui des parpaings standards. 

Les briques écologiques de Majd Mashhrawi n'ont plus qu'une seule épreuve à passer : celle du temps. 
 

Le Green Cake face à un mur ?

En 2016, grâce à des fonds levés via la start-up Mobaderoon 3, les inventeurs du Green Cake édifient un premier mur pilote avec 1 000 parpaings. Mais pas de quoi aller plus loin dans le développement de l'entreprise, malgré le soutien de l’Université islamique de Gaza et de la municipalité.
 

 

Après avoir échoué de peu, en avril dernier, au concours du forum MIT de Jeddah – doté de 150 00 dollars –, le Green Cake fait aujourd’hui partie des nominés à l’Index Award 2017, le concours international le plus prestigieux en matière de design, organisé au Danemark et dont le but est de trouver des solutions aux problèmes globaux.

 
Pendant ce temps, Majd Mashhrawi travaille à pérenniser son projet par tous les moyens. La jeune femme se trouve actuellement à Boston, où elle participe au mouvement Our Generation Speaks, dont le but est d'aider de jeunes Palestiniens et Israéliens à lancer leurs start-up. 
 

"Si on veut vraiment quelque chose, il faut s'en donner les moyens, affirme la jeune femme, à Fast Company. Au départ, je n'aurais jamais pensé arriver jusque là, réaliser ce rêve et avoir la possibilité de voyager, de rencontrer d'autres personnes et tenter d'obtenir des investissements. Si on y croit, ce n'est pas impossible".


Résolue à améliorer le quotidien des habitants de Gaza, Majd Mashhrawi espère par la suite ouvrir une usine et embaucher des centaines de travailleurs. Elle souhaite également développer le concept du Green Cake en Cisjordanie. Et dans le reste du monde ?

 

publié par Maëlys Vésir pour We Demain.

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12 juillet 2016 2 12 /07 /juillet /2016 10:33

Euro 2016: Après la défaite de la France, alors qu'un supporter français pleure, un enfant avec le maillot du Portugal vient le réconforter .

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22 juin 2016 3 22 /06 /juin /2016 18:01

 

    Les villes peuvent-elles infléchir les politiques étatiques d’accueil des migrants ? De Paris à Barcelone, en passant par Valence ou Lampedusa, des maires font entendre une voix dissonante par rapport aux gouvernements. Au nom de l’humanité, de la dignité, une poignée d’entre eux esquissent à l’échelle de leur ville des politiques d’accueil que les dirigeants refusent à l’échelon national. « On revient à une idée très ancienne de l’hospitalité, qui resurgit au moment où l’on ne l’attend plus de l’Etat », observe l’ethnologue et anthropologue Michel Agier. Car cette crise migratoire, qui se résume à des chiffres pour les ministres, s’incarne dans des visages pour les élus locaux.

 

   En France, deux villes osent déjà la différence : Grande-Synthe (Nord), la pionnière, Paris, la symbolique. Dans la banlieue de Dunkerque, le maire écologiste Damien Carême a construit un camp de transit aux normes internationales, financé par Médecins sans frontières. C’est aujourd’hui au tour de Paris de construire son camp humanitaire. La maire socialiste de la capitale, Anne Hidalgo, a annoncé, le 31 mai, l’ouverture d’un lieu où seraient installés cabanons, sanitaires et pôle d’information pour éviter les campements de fortune qui se reforment sans cesse depuis un an. A Grenoble, la ville et la métropole soutiennent des actions d’accueil menées par un collectif d’associations. Comme beaucoup d’autres.

 

   Initiative d’intégration

   Cette démarche d’accueil existe déjà à Sao Paulo, au Brésil. A peine élu en 2012, Fernando Haddad, le maire, a lancé une initiative d’intégration pour tous ceux qui affluent vers sa mégapole. Deux mois plus tard, les nouveaux venux peuvent dormir jusqu'à 4 mois dans un centre d'accueil, y trouvent assistance et enseignement du portugais. A l'été 2015, Rogerio Sottili, secrétaire adjoint aux droits de l'homme de la ville, était venu à Paris expliquer la pleine réussite du dispositif, lors d'une rencontre de l'Organisation pour une citoyenneté universelle.


   En Italie, Giusi Nicolini, la charismatique maire de Lampedusa, ne loupe aucune occasion d'interpeller Rome et Bruxelles entre 2 sauvetages de barques au large de son île. A peine élue, elle avait fait refaire son centre de réception pour offrir "un accueil digne". D'autres lui emboitent le pas dans ce pays d'arrivées massives. Depuis l'été 2015, Milan a transformé une partie de son mémorial de la Shoah, situé sous la gare centrale en zone d'accueil avec lits de camp et douches. A Valence, en Espagne, ce sont des logements publics et des installations municipales qui ont été mis à disposition ...Et la liste des villes d'accueil pourrait s'allonger encore, preuve d'un véritable élan des populations. 

 

   "Dans la période de crise actuelle, un écart est apparu entre le gouvernement et les habitants, insiste Michel Agier. Le gouvernement prétend se montrer protecteur et désigne les migrants comme des menaces pour la sécurité et l'identité du pays. Les habitants, eux, veulent voir dans ces arrivées une occasion de se montrer concernés par l'état du monde, agissant plutôt qu'indifférents, solidaires avec des peuples et des personnes en danger (...) Ce sont bien les municipalités, les villes , qui aujourd'hui, peuvent le mieux réaliser cette médiation indispensable entre habitants et migrants, et ainsi relancer l'idée d'hospitalité."

 

   Vieilles oeillères étatistes.
 

   Les 3 et 4 Mai, ces villes refuges se sont réunies à Barcelone à l'appel de la maire, Ada Colau.En septembre 2015, l'ex-indignée, avait lancé un appel. "Bien qu'il s'agisse d'une compétence des Etats et de l'Europe, avait-elle martelé depuis Barcelone, nous ferons tout ce que nous pourrons pour participer à un réseau de villes-refuges." Le Parti Populaire l'a qualifiée d'"irresponsable", mais qu'importe, le réseau va son chemin, construit sur le modèle des villes refuges pour écrivains poursuivis par des fatwas, lancé en 1995. "Nous attendons des villes refuges ce que nous renonçons à demander à l'Etat", avait alors déclaré le philosophe, Jacques Derrida. Une phrase toujours d'actualité.

 

   Passionné depuis 25 ans par l'observation des villes, Ola Söderström, géographe à l'université de Neufchâtel, a perçu des septembre 2015, la potentielle puissance du mouvement lancé par Ada Colau. La maire montre "qu'il faut considérer les lieux du pouvoir politique, aujourd'hui, comme plus nombreux et plus diversifiés que nous les voyons à travers nos vieilles oeillères étatistes", commentait-il alors sur son blog. Professeur émérite de géographie à Paris-Ouest-Nanterre, Guy Burgel croit aussi au pouvoir des villes. "L'abbé Pierre n'a pas, à lui seul, fait changer les politiques par son appel de 1954, mais ce cri a indéniablement pesé sur les politiques qui ont suivi, observe-t'il.Les villes ne feront pas à elles seules, plier les gouvernements,  mais elles y concourent." insiste le spécialiste. C'est aussi ce que pense Pierre Henry, le directeur de France Terre d'asile, qui voit dans la proposition d'Anne Hidalgo un moyen pour faire " bouger les lignes des politiques migratoires en Europe".

 

   Le souci écologiste des villes a été moteur pour les Etats, comme l'a montré l'économiste et urbaniste Jean Haëntjens dans son livre Le Pouvoir des Villes (Ed de l'Aube, 2008). Aujourd'hui, on peut se demander si la gestion des migrants ne va pas renforcer leur pouvoir en obligeant l'Etat à humaniser son approche. C'est ce qui se passe à Grande-Synthe, où l'Etat a été contraint de reprendre l'initiative municipale et de gérer un camp dont il ne voulait pas. La pression de l'opinion a joué. Comme le rappelle M.Haëntjens, "dans un contexte de défiance générale vis-à-vis des institutions, les maires des grandes villes font partie des rares responsables qui ont gardé l'estime de leurs concitoyens ..."

 

de Maryline Baumard, pour Le Monde du 21/06/2016

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27 février 2015 5 27 /02 /février /2015 18:46
A Berlin, des frigos en libre-service pour lutter contre le gaspillage alimentaire.

En récoltant les invendus des magasins, une association berlinoise les met à la disposition des plus démunis dans des réfrigérateurs en libre-service

Chaque année, rien qu’en France, les déchets alimentaires représentent 10 millions de tonnes (!). En moyenne, les Français jettent 20 kg à 30 kg de déchets alimentaires chaque année, dont 7 kg de produits non consommés encore emballés ! Bien entendu, nous ne sommes pas les seuls à produire ce phénomène, et il peut s’interpréter de différentes manières. En Belgique, par exemple, les gens jettent l’équivalent de 174 euros de nourriture à la poubelle chaque année, et en Grande-Bretagne, un aliment acheté sur quatre est jeté…

Le gaspillage de nourriture n’est donc épargné dans aucun pays. Heureusement, des associations luttent contre ce gâchis impensable. C’est notamment le cas de Lebensmittelretten, une association berlinoise dont le nom se traduit pas « les sauveurs de nourriture », qui a instauré un réseau de frigos pour proposer en libre service des aliments récupérés dans des magasins de la ville de Berlin. Le principe est donc simple : à côté de chaque magasin soutenant l’initiative et à certains endroits clés de la ville, directement dans la rue, des réfrigérateurs sont en libre service, tous les jours et à toutes heures.

Comment ces frigos se remplissent, et qu’en est-il de la nourriture qu’on trouve à l’intérieur ?

Pour que ce projet fonctionne et réussisse, ces frigos ne sont pas seulement alimentés par des locaux, des touristes et des inconnus de manière aléatoire. En fait, c’est tout une organisation : 1700 bénévoles de l’association parcourent les magasins de Berlin à la recherche de vivres invendables et invendus mais toujours bons à la consommation. En seulement deux 2 ans, des centaines de tonnes d’aliments ont pu être récupérés, évitant d’être jetés et gaspillés. Ces frigos populaires ont ainsi aidé les plus pauvres à se nourrir et mieux s’en sortir.

8000 bénévoles en Allemagne

L’association Lebensmittelretten, que l’on surnomme les Foodsaver en anglais, apparaît comme une chaîne de minis supermarchés du cœur. Avec 1700 bénévoles à Berlin et 8000 dans l’ensemble du pays, l’organisation est également soutenue par un millier de supermarchés partenaires en Allemagne. Ce sont pour la plupart des cas ces établissements qui fournissent la vingtaine de réfrigérateurs, permettant de ralentir la décomposition des fruits, légumes et autres aliments. Les frigos, baptisés « FairTeiler » (littéralement, «partageurs justes»), sont remplis jusqu’à trois fois par jour.

Parmi les supermachés partenaires, la chaîne de magasins bio Bio Company est la première à avoir soutenu l’initiative.

Pourquoi en Allemagne et pas en France ?

C’est vrai, pourquoi est-ce un véritable succès en Allemagne et pas en France ? Pourquoi les professionnels jouent le jeu Outre-Rhin, et pas dans l’Hexagone ? La réponse est malheureusement toute simple et absurde en certains points… Il n’est pas possible aux supermarchés et restaurants de redistribuer les produits non consommés et sur lesquels la date de péremption est dépassée.

Cependant, l’actualité sur le sujet est en bonne voie : même si de nombreuses grandes surfaces donnent déjà des produits alimentaires invendus à des associations (32% des dons alimentaires viennent des grandes surfaces), une soixantaine de députés souhaitent rendre cette pratique obligatoire dans la loi. C’est à dire que bientôt, les supermarchés à la surface de plus de 1000 m² pourraient être obligés de faire don de leurs invendus alimentaires encore consommables aux associations.

Quand on couple les chiffres du gaspillage alimentaire des français au niveau de chaque foyer (en moyenne 20 à 30 kg par français et par an) avec ceux des grandes surfaces (200 tonnes de déchets par grande surface et par an), les pertes sont démesurées.

Un projet de loi à suivre de près donc.

PAR FLORIAN COLAS
LE 5 DÉCEMBRE 2014, pour Toolito.com

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11 janvier 2015 7 11 /01 /janvier /2015 11:04

JB Bullet, le compositeur de la chanson "Je suis Charlie" a repris la chanson de Renaud : "Hexagone".

"Cet événement m'a pris aux tripes". JB Bullet, le compositeur de la chanson "Je suis Charlie" a repris l'air du célèbre titre de Renaud, Hexagone. La vidéo de son interprétation, postée sur son compte Facebook jeudi à 14h, environ 24h après l'attentat, a déjà récolté plus de 6,5 millions de vues. Le titre, "liké par quelque 155.000 personnes" a aussi été partagé plus de 500.000 fois sur les réseaux sociaux. Sur Youtube, où le chanteur a ensuite publié la chanson , à la demande des internautes, il explique pourquoi il a tenu à prendre sa guitare : "Je n'ai pas l'habitude de faire des chansons engagées, au contraire même, d'habitude mes vidéos sont d'ordinaire très 'légères', mais cet événement m'a pris aux tripes... et j'ai donc écrit cette chanson sur un air de Renaud, le soir même, devant ces images choquantes à la télévision."

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11 août 2014 1 11 /08 /août /2014 10:37

     "Attention ! Je suis contagieux (se). Le plaisir d'aider, ça s'attrape "

 

En voyage à Montréal, au Canada, cet été, et de passage dans le métro, quelle ne fut notre surprise de découvrir cette affiche placardée sur les murs !

Quand on a déjà expérimenté l'acceuil et la gentillesse des Québécois et des Canadiens en général, cela en dit long sur ce beau pays.

Peut-être devrions-nous nous inspirer des bonnes initiatives de nos voisins ?

 

Une terrienne.

 

cf photo ci-dessous.

 

 

Vu dans le métro à Montréal  !
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16 juillet 2014 3 16 /07 /juillet /2014 14:40

L'espadrille argentine, relookée par un Américain, est devenue le symbole de cette mode caritative, articulée sur le modèle du "one to one": une paire achetée, une paire donnée.

 

Un pur produit californien. Bien qu'il soit né au Texas, Blake Mycoskie incarne le dynamisme à la fois engagé et cool des jeunes entrepreneurs de la côte Ouest. A 38 ans, ce bel américain aux cheveux décolorés par le sel et le soleil, chemise en jean et grigri au cou, est à la tête de Tom's, une marque d'espadrilles aux valeurs humanitaires et à la philosophie équitable qui fait figure aujourd'hui de chef de file d'un modèle économique différent et conscient. 

C'est en mars 2006 que Blake Mycoskie, qui avait déjà roulé sa bosse en tant que chef d'entreprise notamment dans l'audiovisuel, lance Tom's avec un stagiaire et des amis dans un appartement de Venice, à Los Angeles. L'idée lui est venue après un voyage en Argentine effectué quelques mois plus tôt. Confronté à la misère de la population locale, il découvre des enfants arpentant des sols caillouteux sans chaussures, ne pouvant aller à l'école. Un électrochoc pour lui qui avait participé en 2001 à une émission de télé-réalité américaine, genre "Pékin Express". "J'ai voulu dès le lancement de Tom's en faire une entreprise lucrative afin d'être indépendant et durable dans le don", explique-t'il.

Il crée le concept de "one for one" : pour une paire achetée, une paire distribuée à un enfant défavorisé. La sauce prend immédiatement et les "alpargatas" - espadrille traditionnelle argentine- revisitées avec des coloris pêchus ou des imprimés tendance ont rapidement essaimé sur le bitume de Los Angeles et d'ailleurs. Résultat : 10.000 paires vendues en quelques mois, 50.000 un an plus tard. Depuis huit ans, les ventes de ces chaussons ont permis de donner plus de 10 millions de chaussures à des enfants dans le besoin.

"C'est une aventure incroyable, confie le passionné Blake Mycoskie, businessman et auteur, auréolé de distinctions pour son modèle d'entreprenariat social. "Nous avons toujours bénéficié d'un formidable soutien de nos clients, qui font la différence grâce à leur achat et rejoignent un mouvement plus large". Le "un pour un" a fait rapidement des petits : après les chaussures, chaque paire de lunettes vendue permet de financer des soins optiques, la vente de paquets de café apporte l'eau potable à une personne. Les projets fusent chez Tom's, qui se veut grosse compagnie familiale. " Nous fabriquons nos chaussures en Argentine, en Chine, au Kénya, en Inde, en Ethiopie et en Haïti. D'ici l'an prochain, nous produirons un tiers des chaussures dans les pays où nous les redistribuerons aux nécessiteux, afin de développer l'économie locale."

Les souliers de tissu, déjà vendus en ligne, débarquent désormais en Europe avec l'ouverture d'un pop-up store au Citadium de Paris, le 3 Juin, juste après l'inauguration d'une boutique à Amsterdam. "Notre modèle de "one for one" est prêt à être partagé à travers le globe, nous n'en sommes qu'au début."

La mondialisation version cool, en espadrilles.

par Séverine de Smet, pour Le Nouvel Observateur

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