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   Editorial

Et bien, c'est simple : l'idée est que nous ne pouvons plus accepter de nous laisser tyranniser par la politique du négativisme tous azimuts qui fait que l'on ne nous parle que de ce qui va mal, alors que partout dans le monde et à tout instant, des milliers de gestes, de paroles, de décisions, d'évènements, d'hommes sont porteurs de positif, d'espoir, de générosité, de progrès, d'humanité. Il est grand temps de se bouger : à nous de les chercher, de les débusquer, d'y prêter attention, et surtout d'en parler autour de nous.

Nous ne sommes pas programmés pour désespérer de tout. Nous sommes aussi capables du meilleur.

Mettons en route la spirale du "mieux sur terre" pour en finir avec la spirale infernale du négativisme et tous ensemble nous en sortirons vainqueurs, plus humains et  plus heureux encore !!!

Isabelle, une terrienne

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26 août 2020 3 26 /08 /août /2020 15:58
En Autriche, un vétérinaire de guerre sillonne les pays ravagés par la guerre pour sauver les animaux.

Amir Khalil se bat pour recueillir les animaux en danger, partout dans le monde

Amir Khalil, le directeur de l\'association Four Paws, aux côtés d\'un tigre évacué d\'un zoo de Khan Yunis, dans la bande de Gaza, le 24 août 2016, près de Tel Aviv, en Israël.
Amir Khalil, le directeur de l'association Four Paws, aux côtés d'un tigre évacué d'un zoo de Khan Yunis, dans la bande de Gaza, le 24 août 2016, près de Tel Aviv, en Israël. (MENAHEM KAHANA / AFP)

 

Amir Khalil est un Austro-Egyptien au métier pas comme les autres : vétérinaire de guerre. Autant dire qu'il est le seul du genre ! C'est une véritable vocation, née lors de son enfance en Égypte. Amir Khalil commence ses études de vétérinaire à 17 ans au Caire et les poursuit à Vienne. C’est là qu’il participe pour la première fois à une mission organisée par l’ONG autrichienne Four Paws, (Quatre Pattes en français), association pour laquelle il travaille toujours.

Ses premières missions le conduisent dans différents pays d’Europe, notamment en Roumanie, où il doit se déguiser en riche émir du Golfe afin de faire croire au patron d’une boîte de nuit qu’il veut racheter les quatre lions que ce dernier détient et maltraite. Allié à la police, il parvient finalement à sauver les fauves. Il reste beaucoup à faire en Europe, selon Amir Khalil : "La situation s’est peut-être améliorée pour les hommes, mais pas pour les animaux : il n’y a plus d’ours brun et beaucoup d’animaux sauvages ont déjà disparu." Four Paws continue d’ailleurs d’intervenir dans certains pays d’Europe.

"Il y a encore beaucoup de commerce illégal et de zoos en Europe qui ne sont pas aux normes."Amir Khalil

Sauver les animaux dans des villes ravagées par la guerre

 

Après l’Europe, c’est sur des terrains de guerre qu’Amir Khalil va exercer son métier. Il se rend notamment à Bagdad, en 2003, la capitale irakienne alors sous les bombardements, pour sauver les animaux du zoo privé de Saddam Hussein. Sur les 650 animaux du zoo, seuls 20 ont survécu. La Libye et la bande de Gaza suivront. Plus récemment, c’est à Mossoul, en Irak et à Alep en Syrie, deux villes ravagées par les combats, que le vétérinaire s’est rendu, là encore pour évacuer et soigner les animaux des zoos désertés.

Des missions évidemment dangereuses, mais Amir Khalil retient autre chose de ces expériences. "Lorsqu’on se retrouve à une frontière et que l’on porte une grande cage contenant un lion, tout le monde pose son arme à terre et nous aide à porter. Après ça, ils vont continuer à s’entretuer, mais on voit bien que les animaux sauvages aident à ouvrir les frontières." Les animaux secourus sont ensuite transférés dans plusieurs sanctuaires, notamment en Jordanie, en Afrique du Sud et aux Pays-Bas.

"Je vois que les animaux créent du lien entre les gens et ça, c’est un message d’espoir", dit Amir.

Aujourd'hui, Amir Khalil alerte sur la perte de biodiversité dans le monde. Au fil de ses missions, il n’a pu que constater les dégâts de l’action humaine : "Dans les endroits où les animaux ont disparu, la nature a changé. Nous modifions l’équilibre de la planète et c’est très dangereux car les humains, les animaux et la nature sont tous importants. Il faut pouvoir vivre ensemble. Si nous ne pouvons coexister, nous courons à notre perte." Voilà pourquoi, plus que jamais, Amir Khalil et Four Paws continuent leurs missions.

Puis, il s'est rendu à Gaza, au zoo d'Al-Bisan, au nord pour évacuer 3 lions.

"C'est lors de cette mission que l'on a réalisé le pouvoir universel des animaux. Israël, le Hamas et la Jordanie sont trois entités qui ne s'entendent sur rien. Jamais. Et pourtant, on a réussi à ce qu'ils acceptent tous les 3 d'ouvrir leurs frontières pour nous laisser passer avec les lions. J'y ai vu des soldats israeliens et du Hamas, des hommes qui s'entretuent toute la journée, poser leurs armes pour venir faire des selfies avec les lions. Ils nous ont tous aidé à déplacer les cages. Cela prouve que les humains sont tous les mêmes."

"Ces animaux ont fait arrêter une guerre pendant 2 jours."

Lorsque Amir Khalil arrive au zoo de Mossoul en octobre 2016, la ville vient d'être libérée par l'armée irakienne. A l'entrée, les panneaux représentant des dessins d'animaux ont été recouverts de peinture noire : les hommes de Daech ne supportent pas leur représentations.

"Le pire, c'était l'odeur. Celle de la mort. Il y avait des carcasses d'animaux partout, morts de faim. Ne restaient que Simba et Lula. L'ours se collait à sa cage et hurlait, hurlait comme pour appeler à l'aide."

Amir s'occupe de nettoyer le zoo, d'enterrer les animaux morts et examine les 2 survivants, mais hormis leur donner des antibiotiques, il ne peut pas faire grand chose sur place. Le vétérinaire retourne en Autriche, monte une mission d'exfiltration et revient avec une équipe . Mais la situation n'est pas simple. "On ne pouvait pas entrer dans Mossoul sans autorisation militaire et on ne pouvait pas y dormir. Les snipers de Daech étaient encore là, et il y avait les drônes."explique-t'il. Amir va demander de l'aide à un haut général de l'armée irakienne, qui finalement accepte de lui donner une autorisation et envoie des hommes pour l'accompagner. Mais en arrivant au checkpoint, on leur dit : "Non, vous ne passez pas !" Retour au zoo. 4 heures et d'innombrables coups de téléphone plus tard, Amir obtient à nouveau les 5 permis nécessaires à la sortie du pays.  Mais arrivés à la frontière, on les arrête à nouveau . C'est le début de 9 jours d'attente, à des kms de Mossoul, sans nourriture pour les animaux et sans aucune assurance de réussite. Les militaires veulent la preuve que le lion et l'ours n'ont pas été "entraînés par Daech". La situation est bloquée. Les jours passent, et pourtant, jour après jour, une certaine magie opère. "Au début, les militaires se moquaient de nous, puis certains venaient me voir et me demandaient :"Est ce que je peux donner un peu de mon déjeuner à l'ours ? Est-ce qu'on peut se prendre en photo avec le lion ? Un général a capturé des poules et nous a dit : "Tenez, voilà pour votre ours", des enfants orphelins de la région, en voyant le lion au milieu du désert, ont retrouvé le sourire. Finalement, tout ne tourne plus qu'autour de Lula et Simba. "Ces animaux ont fait arrêter la guerre pendant 2 jours" se félicite Amir.

Cependant comme la situation ne se débloquait pas, Amir a monté un plan digne de Hollywood. "On a annoncé qu'on abandonnait et qu'on ramenait les animaux au zoo. Puis on a préparé un plan secret : finalement, alors qu'un camion part à vide à la vue de tous, le vrai convoi, lui, quitte le checkpoint dans la nuit, à la mi-avril. On y a cru et ça a marché !

Amir Khali est encore à Mossoul quand il entend parler du parc d'attraction animalier d'Alep. Il décide d'y aller et regarde la carte "C'est simple. Le zoo est au milieu de la carte. Au sud, il y a Daech. A l'est, les troupes de Bachar el Assad. Au Nord, au moins 2 groupes rebelles différents. A 20 kms de là, Al Khaida. Et au dessus dans le ciel, les Russes. 27 checkpoints à passer. Un désastre ! L'équipe de Four Paws dispose de quelques mois pour trouver une solution qui lui permette de convaincre la Turquie de la faire entrer en Syrie, informer les Russes de sa présence, afin que ceux-ci ne bombardent pas ses véhicules, éviter Daech, et passer les 27 checkpoints avec un nombre inconnu d'animaux sauvages à bord. Pas simple. "Je suis allé aux Etats-Unis pour négocier avec l'ONU, tout le monde a répondu :"Hors de question !". Four Paws se lance quand même :"Pas de chance, la veille de notre arrivée, le conflit s'est intensifié entre le régime et un groupe de rebelles, il a donc fallu gérer les snipers des 2 côtés." Zigzaguant entre les groupuscules à ne pas croiser, Khalil arrive à Alep, puis au zoo. Là, il trouve une dizaine d'animaux encore vivants : des ours, des lions, des tigres, des hyènes, des chiens. Impossible pour l'équipe de tous les charger avant 5h, l'heure limite de départ du convoi. La mission s'effectuera donc en 2 fois. Arrivé à destination, le convoi attend 2 heures avant que la Turquie n'accepte d'ouvrir une frontière "qui n'est même pas sur les cartes". La route jusqu'à Bursa où les animaux doivent passer avant de prendre un avion pour la Jordanie, sera encore longue de 24 heures !

"Une lionne était enceinte, un tigre a fait un arrêt cardiaque, il a fallu le réanimer ".

Et pourtant, mission réussie une fois de plus !

De ses voyages, le vétérinaire n'a l'air de retenir que le meilleur : le fait que les animaux gambadent désormais librement dans l'immense réserve Al Ma'wa, et le fait surtout, que l'animal est peut-être la meilleure partie de l'homme.

Cette dernière mission à Alep est pour Amir Khalil l'ultime preuve d'une théorie qui lui apparaît comme une évidence : "Si une petite équipe, soudée et déterminée, sans affiliation politique ou gouvernementale, a pu sauver des animaux sauvages dans l'endroit le plus dangereux du monde, sans arme et sans faire couler une seule goutte de sang, alors cela doit être possible d'apporter la paix. C'est forcément possible."

par Hélène Coutard, pour La Revue Society.

 

 
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commentaires

P
Un assez long article sur la guerre au MoyenOrient qui vous fait sourire plusieurs fois - sourires d'attendrissement lorsque les animaux rapprochent les soldats ennemis, de joie à la réussite du stratagème pour tromper les autorités..., c'est bien l'unique fois au cours de ces longues années de guerre et de tous les articles lus sur le sujet !
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