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   Editorial

Et bien, c'est simple : l'idée est que nous ne pouvons plus accepter de nous laisser tyranniser par la politique du négativisme tous azimuts qui fait que l'on ne nous parle que de ce qui va mal, alors que partout dans le monde et à tout instant, des milliers de gestes, de paroles, de décisions, d'évènements, d'hommes sont porteurs de positif, d'espoir, de générosité, de progrès, d'humanité. Il est grand temps de se bouger : à nous de les chercher, de les débusquer, d'y prêter attention, et surtout d'en parler autour de nous.

Nous ne sommes pas programmés pour désespérer de tout. Nous sommes aussi capables du meilleur.

Mettons en route la spirale du "mieux sur terre" pour en finir avec la spirale infernale du négativisme et tous ensemble nous en sortirons vainqueurs, plus humains et  plus heureux encore !!!

Isabelle, une terrienne

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17 novembre 2019 7 17 /11 /novembre /2019 12:00

 

WOUTER BARENDRECHT, GENERAL TRANSMISSIONS. 150 salariés (sur 750 en France). "Les gens, ici, ne veulent pas réussir au détriment de l'autre."
WOUTER BARENDRECHT, GENERAL TRANSMISSIONS. 150 salariés (sur 750 en France). "Les gens, ici, ne veulent pas réussir au détriment de l'autre."D. OLIVRÉ POUR L'EXPRESS

Depuis des décennies, la commune des Herbiers affiche l'un des plus faibles taux de chômage de l'Hexagone. Et cela sans le moindre atout de départ, sauf un certain état d'esprit...

Fermez les yeux quelques secondes pour revenir soixante ans en arrière. Imaginez une bourgade de la Vendée profonde sans tradition industrielle, sans bourgeoisie, sans matières premières, sans moyens de transport, à l'écart de toute grande ville. Et expliquez comment, en quelques décennies, ce territoire dénué du moindre atout est devenu l'un des champions français du plein-emploi

 

Bienvenue aux Herbiers, 16000 habitants -30000 avec la communauté de communes. Dans les environs de la localité, pas moins de 30 zones se sont créées et accueillent une ribambelle de fleurons industriels, dont La Boulangère (viennoiserie), CWF (vêtements pour enfants), Concept alu (vérandas et couvertures de piscine). Alors que la mer se situe à près de 100 kilomètres et que le seul cours d'eau est un ruisseau de 3 mètres de largeur et de 1 mètre de profondeur, ces diables y ont quand même inventé Jeanneau, le roi du bateau de plaisance! Les statistiques traduisent à leur manière cette incroyable performance: les créations d'emplois sont ici supérieures d'un tiers à la moyenne française, selon l'Insee. Et le taux de chômage s'affiche invariablement comme l'un des plus bas du pays, avec à peine 5% (9,5% en moyenne nationale). Plus fort encore : neuf fois sur dix, les sociétés voient le jour à l'initiative d'un gars du cru, assez courageux pour prendre des risques et assez doué pour connaître le succès. Un artisan, un agriculteur ou un commerçant qui installe un petit atelier dans une grange ou un hangar, lequel devient au fil des ans une PME, puis une grande entreprise. 

 

CHRONIQUE >> Créer quatre millions d'emplois, c'est possible 

La famille Briand en offre un bon exemple. L'arrière-grand-père était forgeron, comme tous ses ancêtres depuis 1745. En 1951, son fils décroche un gros contrat et lance l'activité industrielle. En 1976 naît la société Briand construction métallique que le petit-fils, Roger, développe à partir de 1981, avant que l'arrière-petit-fils en prenne les rênes, en 2007. Aujourd'hui, Gil Briand dirige un groupe de 235 millions de chiffre d'affaires et de 1100 salariés, dont 300 aux Herbiers. 

Aux origines historiques du dynamisme vendéen
Reste à élucider les origines de cet invraisemblable dynamisme entrepreneurial. Et, aussi incroyable que cela paraisse, la raison principale remonte à... 1793, année terrible où la Vendée dite "militaire" fut ravagée par les tristement célèbres colonnes infernales. "J'ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré les femmes qui, au moins pour celles-ci, n'enfanteront plus de brigands. J'ai tout exterminé. Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant qu'en plusieurs points, ils font des pyramides", s'enorgueillit alors le sinistre général Westermann.  

Cette violence laisse le pays exsangue, dévasté et dépeuplé. "Selon un rapport adressé au préfet en 1800, 249 des 250 maisons que comptaient Les Herbiers ont été brûlées, souligne l'historien Alain Gérard (1). Mais justement: cette tragédie a ancré chez les Vendéens une conviction. Ils ont compris qu'ils n'avaient rien à attendre de Paris, qu'ils devaient se débrouiller seuls."

On était condamné à réussir, en quelque sorte. Quand on n'a pas de ressources, soit on baisse les bras, soit on se mobilise. Cela nous a donné le sens de la valeur travail et un esprit de solidarité qui sont la base de notre succès", résume Jean-Pierre Liébot, directeur de la communication du groupe du même nom. Parole d'expert: sa société, spécialisée notamment dans la fenêtre en aluminium avec la marque K-Line, équipe les tours de la Défense et s'est hissée au rang de premier employeur local, avec... 1200 salariés! 

Consensus social

L'autre clef du succès des Herbiers, c'est le consensus social. "Chez nous, l'industrialisation est arrivée seulement après la Seconde Guerre mondiale, souligne Bruno Retailleau (LR), l'ancien président du département. Nous n'avons donc pas connu les usines du XIXe siècle et la prolétarisation de la classe ouvrière. De ce fait, l'entreprise n'a jamais été perçue comme un lieu de conflits, mais au contraire comme la possibilité pour chacun de vivre au pays."  

D'autant que, ici, la plupart des patrons sont sortis du rang. "Ils habitent sur place, sont allés dans les mêmes écoles que leurs ouvriers et fréquentent les mêmes associations qu'eux, raconte Véronique Besse (Mouvement pour la France), la maire de la commune. Dans une troupe de théâtre, j'ai vu Camille Ouvrard, le patron de Concept alu, jouer avec ses salariés. Cela change évidemment les rapports au travail."

ANALYSE >> Pourquoi réformer le marché du travail alors que l'emploi repart ?

La meilleure illustration de cet état d'esprit, c'est évidemment le Puy du Fou, situé à 10 kilomètres des Herbiers. Un lieu-dit que rien ne prédestinait à devenir l'un des plus grands parcs de loisirs français. Rien, excepté le talent d'un homme -Philippe de Villiers, encore un local de l'étape- et, surtout, un état d'esprit, basé sur le bénévolat, le sentiment d'appartenance et le goût des aventures collectives qui transcendent les destinées individuelles. 

Solidarité de proximité

Cette solidarité de proximité débouche sur des comportements surprenants. "Quand l'un de mes ouvriers a eu un problème avec l'alcool, j'aurais pu le licencier, bien sûr, mais il se serait retrouvé sur le bord de la route, se souvient Laurent Gaillard, à la tête d'une entreprise d'électricité d'une centaine de personnes. Avec ses collègues, nous avons préféré nous mobiliser pour l'accompagner et, aujourd'hui il s'en est sorti." 

LAURENT GAILLARD, ÉLECTRICIEN. 100 salariés environ. "Quand un dirigeant vend sa société, il choisit celui qui permettra à l'esprit d'entreprise de perdurer."
LAURENT GAILLARD, ÉLECTRICIEN. 100 salariés environ. "Quand un dirigeant vend sa société, il choisit celui qui permettra à l'esprit d'entreprise de perdurer."D. OLIVRÉ POUR L'EXPRESS

Les employés ne sont pas en reste. "Quand il faut travailler en heures supplémentaires le soir pour honorer une commande, il n'y a jamais de problème pour trouver des volontaires, souligne le secrétaire du comité d'entreprise d'une grande société locale. En même temps, si l'un d'entre nous a besoin de s'absenter alors que ce n'était pas prévu, le responsable va accéder à sa demande. C'est donnant-donnant."  

Plus étonnant encore: quand l'actionnaire des meubles Gautier a décidé de se séparer de son directeur général, les employés... se sont mis en grève et ont défilé dans les rues pour le soutenir! Une scène à désespérer Jean-Luc Mélenchon... "En Vendée, souligne Retailleau, c'est le lieu de vie et non la classe sociale qui détermine le sentiment d'appartenance." 

Les nouveaux venus semblent se couler dans le moule sans trop de difficultés. Voyez Wouter Barendrecht. Ce Néerlandais d'origine a roulé sa bosse à Londres et à Houston avant de débarquer dans ce pays du haut bocage, où il dirige la société de réducteurs pour matériel de jardinage de son beau-père, General Transmissions (750 salariés en France, dont 150 aux Herbiers). "Je suis tombé amoureux de l'état d'esprit local, souligne-t-il, car les gens, ici, n'ont pas envie de réussir au détriment de l'autre." 

Les Herbiers ont une autre carte dans leur jeu: la plupart des sociétés disposent d'un actionnariat familial. En conséquence, elles suivent des stratégies de long terme et gardent leur centres de décision sur place. De là, peut-être, la fidélité de leurs salariés, malgré des rémunérations en apparence peu élevées. En apparence, seulement: comme les sociétés se portent bien, l'intéressement et la participation ne sont pas négligeables -jusqu'à trois mois de salaire certaines années. 

Les cadres ne se bousculent pas aux Herbiers

Cela ne veut pas dire, bien sûr, que Les Herbiers ne connaissent aucune difficulté. La commune n'a ainsi ni hôpital ni gare. Les formations supérieures font défaut, et il n'est pas toujours simple d'y attirer les cadres -sans parler de leurs conjoints. Et puis -problème de riches-, cette situation de quasi-plein-emploi entraîne un manque de main-d'oeuvre.  

Comme aux plus belles heures des Trente Glorieuses fleurissent devant les entreprises des panneaux qu'on croirait issus du cinéma français des années 1960: "On recrute chauffagistes", "On recherche électriciens". Pour un peu, les agents de Pôle emploi se retrouveraient au chômage... 

ÉRIC GRIGNON, HERBIERS ENTREPRISES, 140 sociétés locales. "Il ne nous viendrait pas à l'esprit de piquer un salarié à un concurrent."
ÉRIC GRIGNON, HERBIERS ENTREPRISES, 140 sociétés locales. "Il ne nous viendrait pas à l'esprit de piquer un salarié à un concurrent."D. OLIVRÉ POUR L'EXPRESS

Les Herbiers offrent donc la meilleure leçon dont on puisse rêver. Non, contrairement à certains discours rebattus, l'avenir de la France ne passe pas nécessairement par la métropolisation. Non, le milieu rural n'est pas condamné au déclin. Non, les principaux ressorts de l'économie ne sont pas d'ordre matériel, mais immatériel. 

Comme le dit l'économiste Emmanuel de La Masselière, auteur d'un ouvrage lumineux sur le sujet (2): "Tous les territoires ont leur chance, pourvu qu'ils aient une stratégie." 

Les Herbiers, visiblement, ont trouvé la leur. 

La culture plus forte que l'économie

Dans une région où l'enseignement privé joue encore un rôle majeur, beaucoup de patrons vendéens ont été influencés par la doctrine sociale de l'Eglise, qui met en avant les notions de "solidarité" et d'"option préférentielle pour les pauvres", à mille lieues des "valeurs" du capitalisme financier. "Quand un dirigeant vend sa société, il ne choisit pas le plus offrant, mais celui qui permettra à l'esprit d'entreprise de perdurer", affirme Laurent Gaillard.  

"Il ne nous viendrait pas à l'esprit de piquer un salarié à un concurrent", complète Eric Grignon, directeur de l'antenne locale de Le Roy Logistique et président des Herbiers Entreprises, une association qui regroupe 140 sociétés locales. Exemple vécu: "Quand notre usine historique a brûlé, en 2006, se souvient Jean-Pierre Liébot, nos fournisseurs et nos artisans nous ont donné priorité. Cette épreuve a débouché sur un élan de solidarité formidable." 

Par Michel Feltin-Palas, pour L'Express/L'Expansion

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1 octobre 2017 7 01 /10 /octobre /2017 09:41
Des nouilles chinoises 100 % made in Picardie ! A Charmes, un gros bourg de l’Aisne, les élus se frottent les mains. Pangniu Food, une jeune société chinoise, a décidé d’investir chez eux. Elle prévoit de fabriquer du tofu, du lait de soja, et d’autres produits à base de protéines végétales. La dirigeante, Madame Zhou, espère sortir les premières nouilles fraîches au premier trimestre de 2018. Elle doit commencer sous peu à embaucher des ouvriers, des chauffeurs de poids lourds et du personnel administratif. L’investissement de 2 millions d’euros devrait faire émerger 50 emplois en trois ans.

 

 

A Tergnier, une commune voisine, la société de conditionnement de cosmétiques Vabel, trop à l’étroit, est elle aussi sur le point de s’installer dans un nouveau site. A la clé, là encore, la création d’une cinquantaine d’emplois.

Deux bonnes raisons de sortir le champagne ? Bernard Bronchain, le président de la communauté d’agglomérations, refuse tout triomphalisme. Car ces deux futures usines ne sont pas des créations ex nihilo. Pangniu comme Vabel vont s’installer dans des locaux laissés vacants par Sodepack, une entreprise liquidée au printemps. Elle avait compté jusqu’à 120 personnes sur les deux sites, précise M. Bronchain.

« Les deux projets ne compensent donc pas totalement les emplois disparus, surtout si l’on tient compte des autres usines fermées ici ces dernières années : Nexans, NLMK, Atochem… » Mais au moins, l’espoir renaît dans cette région de longue tradition industrielle – le village de Saint-Gobain, berceau du groupe verrier, est tout près. « Depuis la crise, on n’avait que des fermetures, les friches se multipliaient. Là, ça ouvre », se réjouissent en chœur MM. Bronchain et Bruno Cocu, le maire de Charmes.

 

Résurrection fragile

Le réveil industriel de Charmes est très représentatif de la situation française. Après la crise de 2009 et le plongeon de l’industrie, les faillites et les restructurations avaient provoqué des fermetures de sites en rafale dans tout l’Hexagone. En 2016, fermetures et ouvertures se sont équilibrées pour la première fois. L’année en cours marque une amélioration supplémentaire : après avoir détruit tant d’usines, la France en recrée enfin.

C’est ce que montrent les chiffres publiés jeudi 28 septembre par Trendeo. Au cours des huit premiers mois de 2017, quelque 87 annonces de créations de sites industriels ont été recensées par ce cabinet, et seulement 61 fermetures. Soit un solde net de 26 nouvelles usines.

Comme dans l’Aisne, ces mois positifs, les premiers depuis 2009, doivent être considérés avec prudence. La résurrection de la France industrielle demeure fragile. Pour l’heure, « le rétablissement tient avant tout à une baisse des fermetures d’usines », souligne David Cousquer, le gérant de Trendeo.

De mois en mois, l’horizon se dégage pour les entreprises françaises. La consommation reprend, les clients paient avec moins de retard, les taux d’intérêt restent modérés, les bénéfices progressent. Dans ces conditions, les faillites se font plus rares. Au cours des douze derniers mois, 55 104 entreprises ont déposé leur bilan ou ont été placées en sauvegarde, une baisse de 7 % en un an, selon Ellisphere.

Compétitivité problématique

Certes, des sites continuent à fermer. Caterpillar a encore annoncé, le 14 septembre, la délocalisation de son usine de boîtes de vitesse de Monchy-le-Preux (Pas-de-Calais) vers l’Irlande du Nord et le Brésil, supprimant au passage 70 postes. Mais la vague reflue de façon nette.

Les ouvertures de nouvelles usines, elles, restent étales. L’embellie conjoncturelle incite certaines entreprises en essor à se lancer. Mais elle ne semble pas suffisante pour que les capacités de production existantes soient saturées et que les chefs d’entreprise investissent en masse dans des installations supplémentaires. Surtout dans l’Hexagone, dont la compétitivité demeure problématique aux yeux de bien des patrons.

« C’est vrai, on ne construit plus en France de grandes usines, de raffineries, etc., coûtant des centaines de millions d’euros, confirme Benoît Clocheret, le patron d’Artelia, une société d’ingénierie. En revanche, les projets à 10 ou 20 millions d’euros se multiplient, parfois pour réaménager des sites anciens. L’industrie n’est pas morte ! »

C’est ce qui se produit à Charmes, mais aussi en Bretagne et ailleurs. Ainsi, à Saint-Sauveur-des-Landes, près de Fougères (Ille-et-Vilaine), le vendéen Herige va investir 20 millions d’euros dans un site de fabrication de fenêtres. Il devrait employer jusqu’à 150 personnes.

En moyenne, les nouvelles usines françaises correspondent selon Trendeo à un investissement unitaire d’environ 10 millions d’euros, pour une cinquantaine d’emplois.

Au total, les usines qui sortent de terre aujourd’hui sont loin d’effacer des années de désindustrialisation : la France compte encore environ 570 usines de moins aujourd’hui qu’au déclenchement de la crise de 2008-2009. En termes d’emplois, les dégâts se révèlent encore plus importants, dans la mesure où les sites qui s’ouvrent comptent en général beaucoup moins de personnel que ceux qui ont été fermés.

de Denis Cosnard, pour Le Monde (29/09/17)

 

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8 février 2013 5 08 /02 /février /2013 18:22
(Photo Thorvaldur Orn Krismundsson. AFP)

EN HAUT DE LA PILE Démocratie directe, coupes dans les dettes... Un livre revient sur les solutions non orthodoxes du petit Etat, passé tout près du naufrage financier.

Par DOMINIQUE ALBERTINI

«Que Dieu sauve l’Islande.» Lorsque le Premier ministre, Geir Haarde, conclut ainsi son adresse aux citoyens de la petite nation insulaire, en octobre 2008, ces derniers comprennent que les temps s'annoncent difficiles. Après plusieurs années d'exubérance financière et de consommation à tout crin, l'Islande coule, lestée d'un secteur bancaire obèse qui ne résiste pas plus que l'Europe et les Etats-Unis à la crise mondiale. Le pays, qui voit son PIB chuter de 6,6% en 2009, découvre un chômage jusqu'alors quasi-inexistant.

C'est cette chute, mais surtout les solutions mises en œuvre par le pays pour se redresser, que décortique Pascal Riché (rédacteur en chef de Rue89) dans un livre -et un e-book- paru jeudi : Comment l'Islande a vaincu la crise (éditions Versilio, 115 p.). Un reportage dans «le labo de l'Europe», et l'occasion de dépasser quelques sympathiques clichés au sujet du redressement islandais. Non, l'île n'a pas connu de «révolution», mais une simple rupture de coalition gouvernementale sous la pression populaire. 

Le pays n'a pas non plus rompu avec le capitalisme, ni embastillé ses banquiers, pas plus qu'il n'a évité une cure de rigueur sous l'égide du FMI. Quant à son projet de nouvelle constitution, non, il n'a pas été rédigé «sur les réseaux sociaux». Mais, explique Riché, que l'histoire ne relève pas du «conte de fées anticapitaliste» ne l'empêche pas de représenter un «petit miracle» démocratique. Quels sont les éléments de la recette islandaise ?

1. Etre sélectif dans ses renflouements

En 2008, la taille des banques islandaises représente dix fois le PIB national. Autant dire que le pays n'a pas les moyens de voler à leur secours au lendemain de la chute de Lehman Brothers. Seul les dépôts des Islandais reçoivent donc la garantie de l'Etat. Les épargnants étrangers ─ britanniques et néerlandais, notamment ─ qui avaient confié leurs sous aux établissements locaux en sont pour leur frais, et se retournent vers leurs propres gouvernements. En Islande, de nouvelles banques sont créées pour reprendre les opérations domestiques. Contrairement à une idée reçue, sur les trois établissements concernés, deux ont d'ores et déjà été privatisées.

2. Ecouter le peuple

Petit à petit, les rassemblements se massifient devant l'Assemblée islandaise. En janvier 2009, les manifestants finissent par obtenir la démission du Premier ministre, de la direction de l’Autorité de surveillance des banques et de celle de la banque centrale. Puis, par deux référendums, l'Etat choisira de ne pas rembourser les créances réclamées par les gouvernements britannique et néerlandais. Une nouvelle constitution est élaborée sur la base des travaux de vingt-cinq citoyens «ordinaires» ─ plutôt médecins et professeurs que pêcheurs et ouvriers, néanmoins─ et de contributions recueillies sur les réseaux sociaux. Mais 49% seulement des citoyens participent au référendum validant le projet, et le dernier mot reviendra à la nouvelle Assemblée élue en avril prochain.

3. Punir (avec modération)

Passé le plus dur de la crise, vient le temps de la recherche des responsabilités. Ce n'est pas l'épisode le plus glorieux de la saga islandaise. Unique politicien poursuivi, le Premier ministre au moment du krach, Geir Haarde, fait surtout figure de bouc émissaire. Il sera condamné pour une formalité et pas même sanctionné. Du côté des banquiers, deux spéculateurs seulement ont été condamnés pour l'instant, bien que de nombreux dossiers restent ouverts. 

4. Couper dans les dettes

Les mesure ont fait moins de bruit que la fameuse constitution «2.0». Mais, selon Riché, elles sont bien «les plus courageuses et radicales». Pour sauver les ménages les plus endettés de la faillite personnelle, l'Etat incite les banques a écréter leurs créances : au-delà de 110% de la valeur du logement, la dette est effacée. Des mesures similaries sont prises pour les PME, tandis que les prêts basés sur les variations de devises, destructeurs dans la crise, sont proscrits. Grâce à ce coktail non-orthodoxe, l'Islande est aujourd'hui sur le chemin du redressement. L'île n'a cependant pas pu s'épargner un plan d'austérité, sous la houlette d'un FMI aux exigences relativement modérées. 

L'Islande, modèle pour l'Europe ? Certes, sa reprise reste fragile, et la démocratie directe est plus simple à appliquer dans une société  de 320 000 habitants ─ dont les deux tiers dans une seule agglomération urbaine ─ bien plus homogène que dans les grands pays continentaux. Mais, avec une croissance attendue à 2,7% en 2013 et un chômage proche de 5% fin 2012, comment ne pas s'intéresser aux ingrédients du miracle islandais ? Vu le «succès» des politiques européennes actuelles, le continent aurait bien besoin, lui aussi, de nouvelles recettes.

Pascal Riché, Comment l'Islande a vaincu la crise, éditions Versilio, 115 p.

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7 mai 2011 6 07 /05 /mai /2011 18:06

img1481           Alassane Ouattara a remporté deux victoires, électorale et militaire. Il a dit ce qu'il ferait : de la paix et de la prospérité. Mais chacun en doute. Parce qu'on doute toujours de l'Afrique. Le tableau de l'après-guerre est d'ailleurs terrible : poches de résistance armée, pillages et règlements de comptes, chaos humanitaire dans la capitale et dans l'Ouest, division des ethnies, division des factions militaires, mercenaires sans solde, miliciens sans cause, panique des investisseurs... Tout vient alimenter le plus noir des afro-pessimismes.


*       Et pourtant rien ne va se passer comme le suggère le paysage désolé des ruines fumantes de la guerre civile.

         D'abord, Ouattara est l'un des meilleurs administrateurs d'Afrique. Ensuite, la Côte d'Ivoire a été la grande absente des « dix glorieuses », ces années de forte croissance africaine. Elle va tout recevoir en 2011 : le bénéfice du désendettement qu'elle attend depuis l'an 2000, la hausse record des prix de tous ses produits d'exportation sans exception, la réallocation des coûts exorbitants de l'armement en revenus internes et en

consommation.         

        Ajoutez-y la fin des sanctions et la réunification. Le rattrapage économique va donner à la Côte d'Ivoire, en 2011 et 2012, une croissance très impressionnante à deux chiffres. Et c'est dans ce contexte que seront réussis le désarmement et la démobilisation.
           La dynamique de la richesse va créer une dynamique sociale et politique vertueuse. Et les Ivoiriens travailleront ce faisant pour toute l'Afrique, car la Côte d'Ivoire abrite des millions d'Africains de l'Ouest ; la Côte d'Ivoire pèse plus du tiers en production et en financement de la zone franc en Afrique de l'Ouest, elle générera une poussée de croissance supplémentaire dans chacune des économies qui l'entourent.
          Regardez le Libéria, le Mozambique ou l'Angola : il ne faut même pas être très «afro-optimiste» pour constater qu'en Afrique, dans la sphère économique, on a toujours réussi les après-guerre.

 

Lionel Zinsou*
(*) Banquier franco-béninois, président de PAI- Le Nouvel-Observateur- Mai 2011

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 10:19

 

                                Le micro-don : une nouvelle forme de solidarité

 

             On connaissait le micro-crédit, voici maintenant le micro-don: un don de quelques centimes d’euros. Le principe est le même : faire beaucoup, mais avec de toutes petites sommes. Sur le principe des petits ruisseaux qui forment les grandes rivières, les micro-dons, additionnés les uns aux autres, représentent une opportunité de financement de plusieurs millions d'euros pour les projets associatifs d'intérêt général ou d'utilité publique.

             Le micro-don existe déjà en Amérique centrale et en Grande-Bretagne. En Suède aussi, où c’est sur le net que le micro-don connaît son développement le plus avancé. Et depuis quelque temps, il fait ses premiers pas en France, où l’on découvre cette nouvelle forme de solidarité.

 

           C'est au cours d'un voyage au Mexique, que Pierre-Emmanuel Grange, informaticien français de 32 ans installé aux Etats-Unis, a découvert le système du micro-don à une caisse de super-marché. L'idée en est simple: lorsque vous passez en caisse, la caissière vous propose d'arrondir le montant de votre panier et la différence va à une oeuvre de charité.

Pierre-Emmanuel Grange trouve l'idée géniale  et se met en tête de l'implanter en France.

De retour à Paris, il démarche  les grandes surfaces pour tenter de vendre son idée, mais celles-ci tardent à se bouger. Il se tourne alors vers l'Angleterre où l'idée existe déjà depuis 20 ans sur les bulletins de salaire ( the payroll giving), dispositif qui donne la possibilité  au salarié  d'arrondir chaque mois son salaire afin de reverser la différence de quelques centimes au profit d' une association. En Angleterre, 20 millions de livres ont déjà ainsi été collectées et reversées à diverses oeuvres.

           Encouragé par cet exemple outre-manche qui  se révèle être une déclinaison de l'"arrondi à la caisse", Pierre-Emmanuel Grange  décide de développer à son tour cette idée en France, et fonde MicroDon en Juin 2010. L'entreprise Eutelsat Communication sera la première entreprise française à  accepter de mettre en place le principe de "l'arrondi solidaire".

 

         MicroDON, entreprise de l'économie sociale et solidaire, est donc la toute première à se lancer sur le marché français.Le premier dispositif de don sur salaire en France, développé avec ADP, acteur majeur dans la gestion de la Paie et des Ressources Humaines gérant mensuellement 2,5 millions de bulletins de paie.

       L'Arrondi Solidaire est un outil de collecte de micro-dons simple, proposé aux salariés des entreprises clientes d’ADP. Porté par l’entreprise, proposé sans obligation aux salariés et valorisé au sein d’une stratégie RSE (Responsabilité Sociale ds Entreprises) existante (ou émergeante), il permet d’impliquer les collaborateurs et de renforcer le positionnement citoyen et solidaire de l’entreprise.

Le principe est :
> un prélèvement chaque mois des arrondis du net à payer du bulletin de salaire des salariés volontaires,
> la possibilité pour le salarié d’ajouter une somme forfaitaire de 1 à 5 euros,
> la possibilité pour l’employeur d’abonder le dispositif à 100% ou plus.

Le programme propose un projet clé en main à l’entreprise qui comprend :
> un pré-choix des associations et une contractualisation accompagnée
> un portail web sécurisé d’inscription et de gestion pour les salariés
> un dispositif packagé de communication pour inciter au don
Fort de ce premier succès, le don sur salaire va maintenant s'ouvrir à d'autres prestataires de paie : le premier à suivre est CEGID.

Les autres prestataires de paie devraient suivre, les DRHs vont se positionner sur ce type de collecte et la France devrait rattraper son retard pour atteindre le potentiel estimé à 95 millions d'euros : l'équivalent d'un Téléthon

 

       Le micro-don via Internet :

 

       Le développement rapide de l'internet et plus particulièrement du commerce en ligne vont favoriser le développement global du micro-don. En effet, le micro-don correspond à une nouvelle possibilité pour chaque citoyen d'exprimer sa générosité dans des actes du quotidien. Plus en phase avec les caractéristiques de consommation du 21ème siècle : spontané, fréquent.

        Des initiatives d'entreprises aident les organisations caritatives à atteindre un nouveau type de donateurs en proposant aux internautes de faire des micro-dons lors de leurs achats sur internet.

 

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 16:47

                                        Impossible n'est pas français !


       Avec Valérie Rabault, Karine Berger, l'économiste a écrit un scénario fiction gagnant pour la France en 2040 et veut redonner le sourire au « modèle français »
      

       Ce n'est pas pour leurs enfants que Karine Berger et Valérie Rabault ont écrit « lesTrente Glorieuses sont devant nous» (1).Ces deux jeunes économistes n'en ont pas encore. C'est d'abord un message aux politiques et aux Français : la France n'est pas foutue, elle a encore une chance de sauver son industrie, ses emplois et de connaître une croissance enviable dans les trente prochaines années.

       Mais attention : la passe est étroite ! Il faut une volonté de fer.
Voilà déjà une douzaine d'années que Karine Berger scrute l'économie française: après Polytechnique, Sciences-Pô et l'Ensae, elle a alterné les meilleurs postes d'observation. Au ministère des Finances, elle a été chargée de faire les prévisions de croissance, qui servent de base au budget de l'Etat. A la direction de la Concurrence, elle s'est penchée sur les fusions entre entreprises. Elle a ensuite piloté la célèbre « Note de conjoncture » de l'Insee, référence en matière de tendances économiques,avant de rejoindre le groupe Euler Hermès, qui assure les entreprises contre les défauts de paiement de leurs clients. «A ce poste, je rencontre en permanence des PME, explique-t-elle, et j'en vois beaucoup qui fonctionnent bien. Un grand écart avec le discours ambiant.»

      Sa coauteur, Valérie Rabault, qui travaille chez BNPParibas, observe de près les réussites des grands groupes français. Là non plus, pas de quoi se flageller.

      Prenant les « déclinistes » à rebours, les deux jeunes femmes engagées (elles militent au PS) veulent redonner le sourire au « modèle français ». Pour être concrètes, elles ont imaginé un scénario fiction dans lequel le président élu en 2012 remet au goût du jour une forme de planification, autour d'une nouvelle énergie photovoltaïque, de la recherche sur le vieillissement, des transports du futur... Il remet en marche la « cordée public privé ». Il relance l'axe franco-allemand. Il refuse les phénomènes de ghettoïsation - qui coûtent cher à la croissance - et investit dans l'éducation. L'équité fiscale et salariale redevient à la mode. Les grands projets, la croissance démographique, la différence française attirent de plus en plus de chercheurs et de diplômés étrangers. Le cercle vertueux s'enclenche...

       Utopique? «Peut-être, reconnaît Karine Berger, mais avons-nous le choix ? Si nous ne trouvons pas le chemin de la croissance, nous devrons réduire les dépenses pour redresser nos comptes publics, ce qui affaiblira l'économie et aggravera le problème de la dette. Un cercle vicieux. » La thèse plaît en tout cas. Interviews dans « Capital » sur M6, dans
« Elle » ou « le Parisien », contact avec Thierry Ardisson : Karine Berger et Valérie Rabault sont devenues les égéries de l'«économie positive».
 Reste à convaincre les candidats pour 2012...


Karine Berger: dates:

1973. Naissance à Limoges.
1993. Diplôme de Polytechnique.
1998. Direction du Trésor.
2001. Chargée du cours de politique économique à l'ENA
2004. Rédactrice en chef de la «Note de conjoncture » de l'INSEE

2007. Candidate PS aux législatives dans les Hautes-Alpes.
2008. Rejoint Euler Hermès et devient directrice du marketing, de la stratégie et des études
de l'assureur crédit

 

Sophie Fay. Nouvel Observateur
(1) Editions Rue Fromentin.

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