Alassane Ouattara a remporté deux victoires, électorale et militaire. Il a dit ce qu'il ferait : de la paix et de la prospérité. Mais chacun en doute. Parce qu'on doute toujours de l'Afrique. Le tableau de l'après-guerre est d'ailleurs terrible : poches de résistance armée, pillages et règlements de comptes, chaos humanitaire dans la capitale et dans l'Ouest, division des ethnies, division des factions militaires, mercenaires sans solde, miliciens sans cause, panique des investisseurs... Tout vient alimenter le plus noir des afro-pessimismes.
* Et pourtant rien ne va se passer comme le suggère le paysage désolé des ruines fumantes de la guerre civile.
D'abord, Ouattara est l'un des meilleurs administrateurs d'Afrique. Ensuite, la Côte d'Ivoire a été la grande absente des « dix glorieuses », ces années de forte croissance africaine. Elle va tout recevoir en 2011 : le bénéfice du désendettement qu'elle attend depuis l'an 2000, la hausse record des prix de tous ses produits d'exportation sans exception, la réallocation des coûts exorbitants de l'armement en revenus internes et en
consommation.
Ajoutez-y la fin des sanctions et la réunification. Le rattrapage économique va donner à la Côte
d'Ivoire, en 2011 et 2012, une croissance très impressionnante à deux chiffres. Et c'est dans ce contexte que seront réussis le désarmement et la démobilisation.
La dynamique de la richesse va créer une dynamique sociale et politique
vertueuse. Et les Ivoiriens travailleront ce faisant pour toute l'Afrique, car la Côte d'Ivoire abrite des millions d'Africains de l'Ouest ; la Côte d'Ivoire pèse plus du tiers
en production et en financement de la zone franc en Afrique de l'Ouest, elle générera une poussée de croissance supplémentaire dans chacune des économies qui
l'entourent.
Regardez le Libéria, le Mozambique ou l'Angola : il ne faut même pas être très
«afro-optimiste» pour constater qu'en Afrique, dans la sphère économique, on a toujours réussi les après-guerre.
Lionel Zinsou*
(*) Banquier franco-béninois, président de PAI- Le Nouvel-Observateur- Mai 2011