A Medellin, en Colombie, l'urbanisme social contre la criminalité.
"Quand j'ai enquêté pour écrire mon livre, il était impossible d'entrer dans certains quartiers de Medellin autrement qu'introduit par des adolescents en armes. La ville est construite dans une cuvette, et la plupart des secteurs à flanc de collines étaient inaccessibles. Vingt ans après, on peut se promener partout. Pour cela, il a fallu l'action d'une équipe municipale non corrompue et les efforts combinés de l'architecture, de la culture et d'un accompagnement social pointu.
Le fer de lance de cette transformation a été le Metrocable, un téléphérique qui monte jusqu'aux quartiers les plus isolés et qui a permis de les désenclaver.Parallèlement avec beaucoup de persuasion, des travailleurs sociaux ont fait admettre l'idée d'y implanter des lieux culturels dignes de ce nom.
Aujourd'hui, la bibliothèque Espana, deux grands blocs noirs construits dans la Comuna Norte, le plus violent de ces quartiers, est devenue le symbole de ce nouveau Medellin. Elle accueille des milliers de visiteurs par an.Le même effort a été fait en direction des écoles, avec ce principe simple : envoyons les meilleurs professeurs dans les pires quartiers. Cela aussi a fonctionné. Les bandes ont fini par déménager.
Un gigantesque tas d'ordures de 45 mètres de haut, à côté du fleuve Medellin, a pu être arasé et un centre culturel a été construit à la place. Cela peut paraître trop beau pour être vrai. De fait tout n'est pas parfait : la violence n'a pas disparu partout, et elle a parfois simplement été déplacée. mais le chemin parcouru reste énorme, et je suis aujourd'hui, fier de ma ville, devenue un modèle que Rio et Caracas cherchent à imiter."
la réponse d'Alonso Salazar*, auteur colombien, recueillie par Hubert Prolongeau , pour Télérama.
*Alonso Salazar: né en 1960, journaliste et écrivain. Auteur d'un livre choc sur les bandes de Medellin "Des enfants tueurs à gages", il a été aussi maire de la ville de 2008 à 2011.