Ne faisons pas l'économie d'une bonne nouvelle : la pauvreté recule dans le monde.
En septembre 2000, les Nations unies s'étaient donné un objectif très ambitieux : réduire de moitié la pauvreté dans le monde entre son niveau de 1990 et 2015. Dix ans plus tard, l'objectif est déjà atteint. En 1990, 47 % de la population mondiale vivait avec moins de 1 dollar (75 centimes d'euros) par jour.
Un seuil en deçà duquel la vie est brutale, courte et obsédée par la recherche de nourriture. Vingt ans plus tard, 22 % des hommes connaissent encore ce sort, soit 1,2 milliard de personnes qui subsistent avec moins de 1,25 dollar (équivalent de 1 dollar de 1990). Mais cela signifie aussi que près de 700 millions d'individus sont sortis en deux décennies de l'extrême pauvreté, l'équivalent de la population de l'Amérique latine.
Ce n'est pas la charité du monde industriel qui est à l'origine de ce petit miracle, mais tout simplement la croissance. D'ailleurs, les trois quarts de cette amélioration proviennent de la seule Chine, qui n'a jamais marqué d'intérêt pour ces objectifs de l'ONU. Le taux d'extrême pauvreté dans ce pays est passé en vingt ans de 60 % à près de 12 % en 2010. La mondialisation des échanges a sorti 600 millions de Chinois du dénuement.
MOBILISATION
Tous les pays n'en ont pas profité autant. L'Inde et surtout l'Afrique ont peu progressé, avec, dans les deux cas, encore près de la moitié de la population en détresse extrême. Et puis passer le cap de 1,25 dollar ne signe pas la fin de la pauvreté. L'ONU estime que 60 % de la population des pays en développement est encore sous le seuil des 4 dollars par jour aujourd'hui. Sans parler de la condition des femmes.
Il manque à ces populations quatre éléments-clés : l'hygiène, l'éducation, l'emploi et un gouvernement efficace et non corrompu.
Comment y remédier ? deux facteurs essentiels ont été mis en lumière par les études économiques, notamment celles de la Banque mondiale.
Le premier est la croissance économique, qui explique les deux tiers de l'amélioration constatée et le miracle chinois.
Le deuxième est la réduction des inégalités, qui agit comme un accélérateur, multipliant par un facteur trois ou quatre l'effet de la croissance.
C'est tout l'intérêt de la mobilisation de l'ensemble des acteurs de l'économie, associations, entreprises et gouvernements, pour faire entrer ces pays dans le cercle vertueux de la sortie de la misère.
Les initiatives couronnées par le forum Convergences 2015 montrent la puissance de telles alliances entre l'économique, le politique et le citoyen. Déjà, entre 2000 et 2010, la croissance et la sortie de la pauvreté se sont accélérées en Inde et en Afrique.
Pour une fois, l'optimisme de la volonté trouve dans la réalité des raisons d'espérer.
de Philippe Escande, journaliste au Monde.