SIMON VÉLEZ, L'AMI DU BAMBOU
Simon Vélez, le maître du bambou, grand spécialiste de la plante, est annoncé sur l'île pour un workshop avec les étudiants de l'Ecole d'Architecture du Port. Probablement une venue l'an prochain, précise Pierre Rosier, directeur de l'antenne réunionnaise de l'ENSAM*. L'école aime faire ce genre de surprises aux étudiants, des rencontres stimulantes avec les pointures de l'architecture. Simon Vélez travaille le bambou depuis plus d'une vingtaine d'années. Il construit des ponts, des toitures suspendues, des pavillons, des stades, des immeubles, et plus surprenant encore une cathédrale en Amérique Latine. L'homme fait taire tous les préjugés autour du bambou. Ce matériau, on pourrait le penser instable, il est raide comme la justice. On l'imagine susceptible de plier, il est aussi solide que l'acier. Pourquoi l'a-t-on si longtemps laissé de côté ? On s'est rué avec frénésie sur le tout béton et nous pensons aujourd'hui à faire marche arrière. Lors d'une exposition au Domaine de Boisbuchet en métropole où étaient présentées quelques-unes de ses oeuvres, Simon Vélez avait écrit cette petite phrase pleine de bon sens : « Aujourd'hui, l'architecture suit un régime carnivore très mauvais pour la santé. La nature a besoin de retrouver un régime plus équilibré, plus végétarien. » L'enjeu est clairement de s'orienter vers « une architecture végétarienne. » Et que manger ? Le bambou bien sûr. Il a toutes les qualités.
Un matériau très résistant
Sachez qu'il existe jusqu'à 1300 espèces de bambou dans le monde. Simon Vélez travaille en priorité une espèce particulière, un bambou géant, guadua angustifolia. Cette même espèce avec laquelle les Indiens construisaient leur habitat traditionnel. Choisir le bambou est avantageux : sa croissance est rapide, sa résistance est terrible (on dit qu'il est cinquante fois plus résistant que le chêne), sa durée dans le temps est incroyablement longue. Un matériau très léger (bien plus léger que l'acier et le béton) et versatile. On dit aussi de lui qu'il peut résister à un tremblement de terre d'une magnitude de 5 sur l'échelle de Richter alors que d'autres se sont déjà effondrés. Autre avantage non négligeable, choisir le bambou, c'est faire des économies. Son prix est presque 50% moins cher qu'un autre matériau de construction. Le bambou pousse vite, il est une graminée de la famille des herbes. Conséquence : sa coupe fait place immédiatement à de nouvelles pousses, nous sommes loin d'être en pénurie de tiges. Si en Colombie, le pays de l'architecte, il est courant de réaliser des ouvrages en bambou, on voit encore très peu de construction de ce type en Europe. Les architectes demeurent frileux, les designers, eux, se sont emparés de la tige creuse. Meubles, canapé, fauteuil, sommier, étagère, bougeoir, banquette, lampes... Nous n'avons que l'embarras du choix.
* Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Montpellier
Texte : Florence Merlen
Le livre de référence Un livre a été écrit sur l'oeuvre du spécialise de l'architecture en bambou par Pierre Frey sur des photographies de Deidi von Schaewen. « Monographie, Simon Vélez » chez Acte Sud retrace les grands ouvrages du concepteur et son savoir-faire. En vente sur internet
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