En 5 ans, le nombre de jeunes se tournant vers l'apprentissage a augmenté
de 40% en Ile-de-France. Cette montée en puissance quantitative s'accompagne, sur le terrain, d'une offre de formations de plus en plus diversifiée et d'un suivi personnalisé des
jeunes.
80.590 jeunes franciliens sont apprentis. On les retrouve
dans quasiment tous les corps de métiers, la sécurité, la santé, le commerce, le journalisme, la menuiserie, la mécanique auto, le textile, la joaillerie, le génie climatique, l'aéronautique,
etc. Et plus de 14 000 jeunes sont actuellement inscrits dans les classes d'initiation préprofessionnelle en alternance et les classes préparatoires à l'apprentissage.L'apprentissage s'est révélé un secteur clé des formations en Île-de-France. Les résultats des centres de formation des apprentis (CFA) ne laissent pas de place au doute : 70 %
des apprentis trouvent un emploi dans l'année suivant leur diplôme et, pour 70 % d'entre eux, c'est un emploi en contrat à durée indéterminée.
Pourquoi un tel succès ? D'abord parce que l'apprentissage en alternance dispense un enseignement immédiatement applicable
dans le monde du travail, aujourd'hui plébiscité par
les entreprises. Un diplômé en artisanat ou en horticulture possède un savoir-faire et une expérience qui intéressent directement les recruteurs, parce que les CFA offrent des
formations adaptées aux besoins de l'économie et sont sensibles à ses évolutions. Ainsi, de nombreux métiers d'avenir ont-ils vocation à se développer par le biais de l'alternance, notamment dans
le secteur des énergies propres. La transition écologique de l'économie demande aux entreprises et aux salariés d'innover ensemble pour développer de nouveaux produits et services, respectueux
des normes environnementales.
Mais la pertinence économique de l'apprentissage se double d'une pertinence sociale. En effet, en complémentarité avec le
système scolaire traditionnel de formation générale et technologique, il s'agit d'offrir des perspectives valorisantes aux élèves en situation d'échec.Trop de jeunes sortent de l'école sans
diplôme, et sans l'estime de soi et la confiance qui accompagnent son obtention. Les CFA constituent ici une véritable alternative à l'échec scolaire, parce qu'ils apprennent un métier à leurs
élèves et mettent en avant des qualités parfois moins valorisées par l'enseignement général. C'est dans cette perspective que notre politique régionale de l'apprentissage privilégie l'aide aux
CAP et BEP, parce qu'ils permettent avec succès de réinsérer des élèves motivés et sérieux, malheureusement sortis du système scolaire. Les CFA sont souvent l'opportunité d'une deuxième chance,
leur succès prouve qu'elle est réelle et décisive.
Pourtant, le contexte n'est pas très favorable. Le ralentissement de
l'activité économique n'épargne aucun secteur d'activité, le chômage ne cesse d'augmenter - et tout particulièrement le chômage des jeunes. Bien sûr, chacun reconnaît que l'apprentissage occupe
une place privilégiée, dès lors qu'il s'agit de transmettre des savoir-faire ou de se confronter aux réalités de la vie professionnelle. Mais, en décembre, une étude réalisée auprès de 301
dirigeants de PME soulignait que 7 entrepreneurs sur 10 annonçaient leur intention d'avoir moins recours à l'apprentissage en 2011 qu'en 2010. Parmi les motifs avancés, l'insuffisante adaptation
de cette formation au monde de l'entreprise, le manque d'information ou encore la lourdeur des démarches administratives.
Force est de constater que l'augmentation du nombre d'apprentis ne
pourra être atteinte sans une réflexion sur la qualité des parcours de formation et sans un meilleur accompagnement des entreprises et des apprentis eux-mêmes. Miser sur la qualité, c'est le mot
d'ordre de la Région, qui veut agir sur tous les fronts : renforcer le lien entre l'école, le jeune et l'entreprise, faciliter la vie quotidienne de l'apprenti, professionnaliser les acteurs de
l'apprentissage, développer des formations dans les métiers de demain - comme les métiers verts -, construire bien sûr de nouveaux centres de formation et rénover ceux qui existent.
Pierre Chapdelaine
Said Ben Mouffok
Le journal du Conseil régional de l'Ile de France