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   Editorial

Et bien, c'est simple : l'idée est que nous ne pouvons plus accepter de nous laisser tyranniser par la politique du négativisme tous azimuts qui fait que l'on ne nous parle que de ce qui va mal, alors que partout dans le monde et à tout instant, des milliers de gestes, de paroles, de décisions, d'évènements, d'hommes sont porteurs de positif, d'espoir, de générosité, de progrès, d'humanité. Il est grand temps de se bouger : à nous de les chercher, de les débusquer, d'y prêter attention, et surtout d'en parler autour de nous.

Nous ne sommes pas programmés pour désespérer de tout. Nous sommes aussi capables du meilleur.

Mettons en route la spirale du "mieux sur terre" pour en finir avec la spirale infernale du négativisme et tous ensemble nous en sortirons vainqueurs, plus humains et  plus heureux encore !!!

Isabelle, une terrienne

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28 septembre 2015 1 28 /09 /septembre /2015 09:24
Les yeux dans le Bleu Blanc Rouge.

Marre du French bashing. Pour ce chroniqueur britannique, les Froggies s'en sortent mieux que les sujets de Sa Majesté. Ces derniers devraient en prendre de la graine.

"Je viens de rentrer de France. Et, croyez-moi ou non, je pense que les Français ont tout bon. J'ai été frappé par cette évidence dès que nous sommes descendus du ferry, à Folkestone.

En France, nous avons séjourné dans un beau château pour à peine plus que ce que coûte un Travelodge [chaîne d'hôtels familiale]. Nous avons parcouru plus de 1 000 kilomètres (oui, j'aime bien le système métrique) de Calais jusqu'à la Provence et sommes revenus sur des autoroutes bien entretenues et pas trop chères. Nous avons traversé des paysages si beaux que mes enfants ont levé la tête de leurs iPad. Nous avons pris d'excellents repas, assez bon marché, presque partout. Et puis... et puis nous avons regagné le territoire britannique. Autoroutes défoncées, stations-service horribles servant une nourriture abominable et hors de prix. Banlieues mal aménagées, faites de petites boîtes de mauvais goût qui envahissent notre plus belle campagne. Les gamins sont retournés à leurs iPad, avec ma bénédiction. Je ne voulais pas qu'ils voient leur propre pays.

Mais comment expliquer de telles différences ? Qu'est-ce que les Français font si bien ?

Il faut reconnaître qu'ils sont avantagés dès le départ. Ils ont touché le jackpot géographique. Leur pays est livré avec tout le nécessaire. Ils ont la plus haute montagne d'Europe (va te faire voir, l'Elbrouz, au mieux tu es eurasien). Ils ont une deuxième chaîne de montagnes (les Pyrénées) dont nous n'avons aucun équivalent. Ils ont une troisième chaîne de montagnes (le Massif central) dont nous n'avons encore une fois aucun équivalent. Ils ont de vraies plages ensoleillées au sud, des plages de surf très en vogue à l'ouest, la Bretagne au nord. Ils ont l'un des plus grands canyons d'Europe [les gorges du Verdon]. Outre ces formidables attractions touristiques, ils ont cette campagne aussi belle que variée, dont une partie ressemble à celle de l'Angleterre en moins gâchée.En ce qui nous concerne, c'est vrai que nous avons beaucoup de belles îles, mais elles sont au large de l'Ecosse, ce qui les rend trop froides et humides pour être d'une quelconque utilité. Nos montagnes sont de grandes collines, trop basses pour qu'on puisse y skier ou y héberger des glaciers. Nous avons effectivement beaucoup de côtes, mais force est de reconnaître que pour une bonne partie elles sont glaciales ou mal situées. Certes, la Cornouailles est très belle, mais les Français ont la Bretagne, une Cornouailles plus chaude et où l'on mange mieux. Sans oublier qu'ils ont aussi moins de gamins braillards dans des écoles privées.

En fait, géographiquement, la France ressemble davantage aux Etats-Unis qu'à la Grande-Bretagne. Comme aux Etats-Unis, les Français ont de l'espace. Mais contrairement aux Etats-Unis, ils ne semblent pas remplir l'espace en question de McMansion [demeures standardisées de nouveaux riches] et de centres commerciaux. Même le village français le plus moyen aura un joli petit centre, généralement piétonnier, avec un ou deux cafés. Il est bizarre de voyager dans un pays et de comprendre que les idées romantiques et rebattues qu'on avait à son sujet sont vraies.

J'ai aussi été frappé par le nombre de châteaux qu'il y a en France. J'avais toujours considéré qu'en matière de manoirs nous étions les champions incontestés. Je n'en suis plus très sûr. Apparemment, question châteaux, beaucoup de régions françaises tiennent la corde avec le pays de Galles et même le Somerset. Et, en France, on peut y passer la nuit sans se ruiner et y dîner avec des propriétaires ridiculement accueillants. Au Royaume-Uni, soit de tels châteaux appartiendraient au National Trust [équivalent de notre Centre des monuments nationaux], soit ils seraient transformés en centres de conférences où les robots des grandes entreprises assistent à des séminaires.

OK, la France est jolie. Vous le saviez déjà. Et il n'y a pas grand-chose que l'on puisse faire pour changer notre paysage, notre climat ou notre densité de population. Il n'en reste pas moins que les Français font pas mal de choses mieux que nous - et que nous devrions en prendre de la graine.

Commençons par les autoroutes à péage. J'adore. Le principe est tellement simple, tellement logique. Si vous voulez rouler rapidement sur de longues distances, vous payez. Ajoutez à cela que le réseau ferroviaire public est excellent (la SNCF possède désormais des tronçons de nos propres chemins de fer privés, notoirement pourris) et vous comprendrez pourquoi il est si agréable de conduire sur les routes françaises. On peut parcourir 1 500 kilomètres de Calais à Nice et arriver plus content qu'on est parti. Vous imaginez des autoroutes à péage en Grande-Bretagne ? On entend d'ici les hurlements d'indignation et on voit les gros titres de tabloïds, avec le lobby automobile qui défendrait bruyamment et grossièrement son droit aux embouteillages gratuits.

Passons à la cuisine. Ouais, ouais, je sais que par les temps qui courent on trouve des restaurants plus enthousiasmants à Londres qu'à Paris. Et je sais aussi qu'on peut se régaler ailleurs qu'à Londres. Je sais même que les Français aiment bien le McDo. Mais le fait est que si vous vous pointez n'importe où au Royaume-Uni pour manger, vous tomberez sans doute sur de la boustifaille de pub, certainement produite dans une usine des Midlands avant d'être réchauffée, et certainement très chère. S'il existe un endroit où l'on sert des plats corrects, il sera plein de Londoniens qui se féliciteront d'être là.

En France, on peut faire un bon repas n'importe où. Vous trouverez peut-être cela un peu rétro (on ne risque pas de vous servir un curry vert thaï horriblement anglicisé), mais ce sera une honnête cuisine régionale, bon marché et arrosée de vin. De plus, votre voisin de table pourrait bien être un agriculteur ou un maçon du coin - et non pas quelqu'un qui habite à deux rues de chez vous.

Toujours au chapitre gastronomique, j'aime bien les serveurs et serveuses français. Aux yeux des Français, comme à ceux de la plupart des Européens, les serveurs font un vrai travail qui mérite le respect. C'est pourquoi on trouve en France des serveurs d'un certain âge qui connaissent leur métier. En Grande-Bretagne, nous recevons un flux incessant d'Australiens et de Lettons de 22 ans, souvent nuls, qui font ça pour un an ou deux. C'est aussi la raison pour laquelle la relation entre le serveur et le client est si différente. En France, les serveurs savent que le client n'a pas toujours raison et leur air supérieur m'amuse assez. Les entreprises ne cessent de nous bassiner avec l'authenticité et je suis sûr que le dédain que mon serveur français éprouve à mon égard est authentique. En revanche, la sympathie de ses homologues britanniques sent l'artifice, l'américanisation. J'en éprouverais même un peu de nostalgie : il n'y a pas si longtemps, nous aussi, nous avions des serveurs arrogants. Aujourd'hui, nous devons nous contenter d'une pâle imitation du service à l'américaine.

Et puis, bien sûr, il y a le vin. Oui, je sais que le Nouveau Monde n'est pas en reste dans ce domaine. Mais en France, le vin est omniprésent. On ne passe pas des heures à en parler ou à essayer d'impressionner ses amis. On se contente d'en boire avec tout le monde. On dirait une incarnation liquide de la formule "Liberté, égalité, fraternité" et non un moyen pour les classes moyennes de la ramener. Il est généralement très bon, et très bon marché, parce que les Français n'imposent pas une taxe forfaitaire de 2,05 livres [2,75 euros] - la plus élevée d'Europe - sur chaque bouteille, qu'elle soit vendue 5 livres ou 500 livres [680 euros].

Gare aux clichés. "Ah mais ! me direz-vous, et l'économie ?" Ici, au Royaume-Uni, nous avons la chance d'être abreuvés d'une propagande de droite qui nous explique que l'économie française est dans la toilette* (sic) [dans la merde]. Or une telle affirmation ne résiste pas à un examen minutieux.

Pour commencer, le taux de croissance de la France pour le premier trimestre de cette année est deux fois supérieur à celui de la Grande-Bretagne. Certes, les Français ont un taux de chômage nettement plus élevé que le nôtre, mais ils affichent une productivité extrêmement élevée. En fait, comme l'a récemment noté The Economist, "les Français pourraient arrêter de travailler le vendredi, ils produiraient tout de même plus que les Britanniques en une semaine". On entend rarement notre chancelier de l'Echiquier [ministre de l'Economie] le reconnaître. Nos voisins ont aussi une économie mieux équilibrée et un coefficient de Gini [qui mesure les inégalités] considérablement plus faible. Et, tant qu'on y est, ils nous battent aussi en matière de PIB par habitant, gagnant environ autant que nous pour un coût de la vie moins élevé.

Alors peut-être (ne nous en déplaise) que ces Froggies paresseux, alcoolos, toujours en vacances et épris de socialisme ont mieux compris que nous comment gagner de l'argent. Cela ne devrait pas nous étonner. Les Français ne sont pas obsédés par leur économie. Ils ne se mettent pas en quatre pour plaire aux entreprises ou aux milliardaires étrangers. Ils éprouvent une méfiance salutaire envers les nantis. Et ils obligent les riches à partager mieux que nous n'arrivons à le faire. Apparemment, dans l'Hexagone, la vie en société passe avant la vie économique - et c'est ça qui rend tout le monde plus riche.
French caractère. Je pourrais continuer longtemps. Les Français ont davantage de classe. Contrairement à nous, ils sont attachés à leur terre. Ils ont un respect pour les intellectuels médiatiques que nous avons perdus. Leur armée est meilleure que la nôtre et moins coûteuse. Enfin, et peut-être est-ce le plus important, ils savent ce qu'être français signifie - et persistent à croire que la francité mérite d'être défendue. Ce dernier point est très important. Etre britannique présente de nombreux avantages, mais nous sommes réticents à les défendre. Résultat : tout ce qui fait ce que nous sommes, de notre sens du fair-play à notre belle campagne, est de plus en plus menacé.

Et on s'écrase, on laisse faire. Il suffit de voir notre enthousiasme tragique, infantile, pour tout ce qui est américain : nous sommes prêts à ramasser la moindre merde yankee. Et pourtant, tandis que nous adulons tout ce qui vient de l'Atlantique, nous traitons avec un dédain imbécile tout ce qui vient de l'autre côté de la Manche, y compris ce qu'il y a de mieux.

Bon, malgré tout ce que je viens dire, il y a quand même une réalité qu'on ne peut pas nier. Il y a plus de Français à Londres que de Britanniques à Paris. En fait, Londres est souvent décrite comme la huitième ou même la sixième plus grande ville de France. C'est sans doute une exagération, mais quoi qu'il en soit il y a environ deux fois plus de Français qui vivent à Londres que de Britanniques dans la capitale française. Certains y voient une preuve de la supériorité écrasante du Royaume-Uni. Mais là encore, je ne suis pas vraiment convaincu. Si vous regardez Londres, la seule chose importante qu'elle a et que Paris n'a pas, c'est un secteur financier totalement démesuré. Alors bien sûr, nous accueillons les Français qui s'intéressent à l'argent - et eux accueillent les Britanniques qui s'intéressent à la culture, à la cuisine, à la qualité de la vie. Une fois encore, je me demande si ce ne sont pas les Français qui ont raison.

de Alex Proud pour le Courrier International. Juin 2015.

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commentaires

S
J'adore cet anglais. Il a raison. Les vacances en France, c'est fabuleux. Pourquoi aller ailleurs ? Et les français sont aussi travailleurs que les autres peuples. Donc le résultat est là : la France est un doux pays, sauf dans les très Grandes villes, polluées par le diesel, le tabac, etc
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P
Il me semble que ce citoyen britannique aime tellement la France qu'il en a adopté toutes les caractéristiques, y compris la manière de descendre en flamme son propre pays !
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