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   Editorial

Et bien, c'est simple : l'idée est que nous ne pouvons plus accepter de nous laisser tyranniser par la politique du négativisme tous azimuts qui fait que l'on ne nous parle que de ce qui va mal, alors que partout dans le monde et à tout instant, des milliers de gestes, de paroles, de décisions, d'évènements, d'hommes sont porteurs de positif, d'espoir, de générosité, de progrès, d'humanité. Il est grand temps de se bouger : à nous de les chercher, de les débusquer, d'y prêter attention, et surtout d'en parler autour de nous.

Nous ne sommes pas programmés pour désespérer de tout. Nous sommes aussi capables du meilleur.

Mettons en route la spirale du "mieux sur terre" pour en finir avec la spirale infernale du négativisme et tous ensemble nous en sortirons vainqueurs, plus humains et  plus heureux encore !!!

Isabelle, une terrienne

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 21:43

                                   La France est le pays le plus pessimiste du monde.

 

          Elle est obsédée par son déclin depuis la fin du règne de Louis XIV. Elle enrage contre la « trahison » de ses élites depuis la défaite de 1870. La moitié des Français redoute sérieusement de partager un jour la tragédie des SDF. Un sondage devenu célèbre, réalisé à la fin de l'année dernière dans 53 pays a travers la planète, établissait que les Français redoutaient plus l'année 2011 que les Afghans ou les Irakiens.

         

          Les déclinistes - intellectuels, essayistes, éditorialistes, politiques - tiennent le haut du pavé. L'extrême droite et l'extrême gauche font leur miel de cette mélancolie collective, de ce sentiment que la France ne cesse de perdre son influence, que la mondialisation n'est porteuse que de catastrophes, que l'Europe nous corsète et que notre avenir est derrière nous. Il n'est question que de déclassement individuel, social ou national, le programme présidentiel socialiste en fournit le dernier exemple.
       

         Certes, la France va de crises en tumultes depuis plus de trente-cinq ans, le chômage y dépasse toujours 9 %, plus de 10 % de la population vit au dessous du seuil de pauvreté, la précarité en menace le double. C'est aussi cependant une réalité que la France, le plus beau pays du monde (première destination touristique), reste l'un des trois plus attractifs pour des investisseurs qui ne sont pas des philanthropes, qu'elle demeure la 5e puissance économique avec ses 65 millions d'habitants et l'une des plus solidaires grâce à son bouclier social. Or, si les Français veulent bien admettre en forte majorité qu'ils sont plutôt heureux dans leur vie personnelle, ils considèrent dans une proportion équivalente que leur destin collectif s'apparente à un purgatoire. La France doute, s'afflige et s'angoisse, comme si se dessinait le crépuscule de la « grande nation », comme la nomment ironiquement ses voisins.

         Face à cette méchante caricature, voîcî enfin une réaction qui s'ébauche. Plusieurs livres publiés simultanément prennent le contre-pied des apocalyptiques professionnels.
Le plus original est celui de Michel Godet, économiste bien connu, professeur au Conservatoire national des arts et métiers et grand pourfendeur de mythes. Tout au long de ses "Bonnes nouvelles des conspirateurs du futur» (1), il nous raconte avec verve quatorze exemples d'entrepreneurs qui, par leur seule qualité d'initiative, de courage et d'imagination, ont réussi des prouesses. Cela va du jeune Algérien, clandestinement en France à 16 ans, devenu aveugle et qui grâce à l'informatique rebondit en expert reconnu, à l'adolescent orphelin, malade et sans diplôme qui, par sa seule ingéniosité, se retrouve à la tête d'un groupe de 800 personnes spécialisé dans le verre et l'isolation. On croise encore un manager de l'assurance- maladie qui, en vingt ans, obtient des résultats spectaculaires dans la Sarthe, un apprenti charcutier vendéen qui triomphe aujourd'hui dans l'agro-alimentaire, d'autres qui s'imposent en Provence ou sur le Net.

        Bref, pour Godet, c'est le facteur humain, les entrepreneurs visionnaires, la créativité de la France d'en bas qui font la différence.

       Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, ne craint pas la provocation avec « Le fabuleux destin d'une puissance intermédiaire» (2), Sa thèse est audacieuse, revigorante et, tout compte fait, convaincante. Natalité, productivité, la France ne manque pas d'atouts, pourvu qu'elle renonce à son éternelle nostalgie et se mette à croire aux vertus d'un puissance « intermédiaire », encore située à terme entre la 5e et la 8e place. Il faut pour cela bousculer l'Education nationale, le Code du travail, faciliter l'investissement dans les secteurs d'avenir : rien d'inaccessible avec du volontarisme.
        Ecrit avec une parfaite clarté, n'hésitant pas à brocarder les défaitistes chroniques, mettant en lumière les ressorts susceptibles d'être mis en mouvement, ce petit essai-là devrait être envoyé à tous les tenants de la « pensée unique » décliniste. Il est vrai qu'ils n'en tiendraient pas compte...
 

         On retrouve le même raisonnement dans « Les Trente Glorieuses sont devant nous » (3), de deux jeunes économistes penchant à gauche, Karine Berger et Valérie Rabault. Si la France croit en elle-même, en son modèle économique et social, le mariage de l'Etat et des grandes entreprises par exemple, elle peut avec un plan d'investissement de 90 milliards s'implanter dans les cinq principaux secteurs d'avenir. Une contre-offensive du« club des optimistes » ne serait pas elle-même sans son sherpa Alain Minc. « Un petit coin de paradis » (4), sa charge contre le déclinisme, couronne le tout à l'échelle européenne avec ironie et alacrité.

 

          Les briseurs de moral n'ont donc pas encore gagné. La France n'est pas vouée à devenir la dame en noir.

 

 par Alain Duhamel. Le Point.


1. Odile Jacob, 336 pages, 20 c.
2. Grasset, 170 pages, 9 c.
3. Editions Rue Fromentin, 192 pages, 20 e.
4. Gïasset, 150 pages, f-€.
 

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