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   Editorial

Et bien, c'est simple : l'idée est que nous ne pouvons plus accepter de nous laisser tyranniser par la politique du négativisme tous azimuts qui fait que l'on ne nous parle que de ce qui va mal, alors que partout dans le monde et à tout instant, des milliers de gestes, de paroles, de décisions, d'évènements, d'hommes sont porteurs de positif, d'espoir, de générosité, de progrès, d'humanité. Il est grand temps de se bouger : à nous de les chercher, de les débusquer, d'y prêter attention, et surtout d'en parler autour de nous.

Nous ne sommes pas programmés pour désespérer de tout. Nous sommes aussi capables du meilleur.

Mettons en route la spirale du "mieux sur terre" pour en finir avec la spirale infernale du négativisme et tous ensemble nous en sortirons vainqueurs, plus humains et  plus heureux encore !!!

Isabelle, une terrienne

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 13:20

Dorénavant, l'antisémitisme ne pourra plus être une antienne dans les pays arabes. L'esprit critique est de saison.      

 

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    A Tunis, un incident abject illustre l'importance et le caractère révolutionnaire du printemps arabe...... Et quelles qu'aient été les tribulations de l'an passé en Egypte, en Lybie et en Tunisie, nous avons assisté à des révolutions.

    

     A son arrivée à Tunis ce mois-ci, dans le cadre d'une visite officielle de 5 jours, Ismaïl Haniyeh, chef du gouvernement du Hamas à Gaza, a été accueilli à l'aéroport par des militants d'Ennahda, principal parti au pouvoir, qui scandaient "Mort aux Juifs" et "Dehors, les Juifs".

Les images de cette scène, postées sur Facebook, ont suscité de vives protestations. D'innombrables tunisiens ont envoyé les message suivant : " Je me sens plus proche d'un Juif tunisien que d'un salafiste mal rasé". Une pétition a vu le jour pour dénoncer "ces actes scandaleux" et inciter Moncef Marzouki, le président du pays, ancien militant des droits de l'homme, à prendre fermement position.
     Au plus fort de la controverse, le dirigeant d'Ennahda, Rached Ghannouchi, qui n'a eu de cesse de répéter que les islamistes étaient partisans de la modération, a publié un communiqué. On y lit que son parti "condamne ces slogans, qui ne reflètent  nullement l'esprit de l'islam ni ses enseignements". Il a également déclaré que les juifs tunisiens, qui ne sont pas très nombreux, sont des "citoyens à part entière, à égalité de droits et de devoirs".

Ghannouchi a également appelé Roger Bismuth, président de la communauté juive de Tunisie, pour lui présenter ses excuses. Ce dernier a été reçu par Hamadi Jebali, premier ministre tunisien et ancien islamiste, qui, comme Ghanouchi, a connu l'exil. Le chef du gouvernement lui a fait part de ses regrets. Malgré tout, avant son départ, Haniyeh a tenu un meeting à Tunis, lors duquel des militants se sont essuyé les pieds sur le drapeau israélien.

 

     A tout cela, y compris à ces événements abjects, et peut-être tout particulièrement à cette abjection, j'applaudis. Un antisémitisme odieux est endémique dans le monde arabe, nourri par le ressentiment, entretenu par l'ignorance, aiguillonné par les médias officiels et redoublé par la condition palestinienne, il a longtemps couvé dans les sociétés arabes réprimées, sans débat digne de ce nom. Alors, quand il fait surface, qu'il provoque un tollé et qu'il est l'objet de discussions vigoureuses sur Facebook et ailleurs, c'est une bonne chose. Une première étape, peut-être, qui démontre que la haine du juif, en effet, ne "reflète nullement l'esprit de l'Islam".

    

    Partout, les arabes apprennent une leçon démocratique essentielle : comment être en désaccord avec autrui ?. Cette révolution de l'esprit est la plus profonde et la plus fondamentale. "La pensée captive, pour reprendre l'expression frappante de Czeslaw Milosz, laisse place à la pensée compétente". Ce changement est irréversible !.

 

    Ces peuples ne sont plus intimidés. Ils sont fatigués de l'alibi israélien, si souvent servis par des dictateurs aujourd'hui déchus pour détourner leur attention de l'injustice qu'ils vivaient. Le régime précédent n'aurait pas autorisé le voyage d'Haniyeh et il n'y aurait pas eu de scènes déplorables. En dépit de son calme apparent, la Tunisie était un pays bien plus détestable sous la présidence de Ben Ali.

 

    En Egypte, la parole s'est libérée de la même manière et surtout à propos des droits des femmes. La courageuse campagne de Samira Ibrahim contre les soldats et les officiers qui l'ont soumise à un "test de virginité", après l'avoir détenue lors de manifestations, a exposé au grand jour le problème explosif des violences envers les femmes et provoqué un débat. Un tribunal administratif a déjà statué sur la violation des droits des manifestantes par l'armée.

... Pour Khaled Fahmy, professeure d'histoire à l'Université américaine du Caire, ce procès incarne "le développement le plus significatif concernant les droits des femmes à disposer de leur corps, et l'acte de rébellion, le plus important de 2011, une année qui n'en a pas manqué".

 

    C'est vrai. Comme l'antisémitisme des sociétés arabes, l'humiliation et l'asservissement des femmes ont généralement été passés sous silence. Le cas de la "fille au soutien-gorge bleu", cette anonyme tabassée et déshabillée sous les objectifs des caméras par des soldats qui dégageaient la place Tahrir, a permis de briser des tabous, désormais battus en brèche par l'affaire Ibrahim. La gent féminine, très active dans la chute de Moubarak, sort de l'ombre.

 

     D'un côté, les manifestations ont permis à des partis islamistes modérés, d'accéder au pouvoir, en Tunisie et en Egypte. Mais elles ont également ouvert de vifs débats sur des questions sociales, et sur la façon de conjuguer foi et modernité. Les tensions se feront sentir pendant des années. Je pense toutefois que la Turquie, longtemps marquée par des dissensions entre une armée au modèle séculaire et des forces politiques enracinées dans l'Islam, offre un exemple riche d'enseignements. Elle a prouvé qu'un pays musulman pouvait allier plus de religion et plus de démocratie.


de Roger Cohen , pour le New York Times

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