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   Editorial

Et bien, c'est simple : l'idée est que nous ne pouvons plus accepter de nous laisser tyranniser par la politique du négativisme tous azimuts qui fait que l'on ne nous parle que de ce qui va mal, alors que partout dans le monde et à tout instant, des milliers de gestes, de paroles, de décisions, d'évènements, d'hommes sont porteurs de positif, d'espoir, de générosité, de progrès, d'humanité. Il est grand temps de se bouger : à nous de les chercher, de les débusquer, d'y prêter attention, et surtout d'en parler autour de nous.

Nous ne sommes pas programmés pour désespérer de tout. Nous sommes aussi capables du meilleur.

Mettons en route la spirale du "mieux sur terre" pour en finir avec la spirale infernale du négativisme et tous ensemble nous en sortirons vainqueurs, plus humains et  plus heureux encore !!!

Isabelle, une terrienne

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8 février 2021 1 08 /02 /février /2021 17:18

Les pilotes volontaires, ces héros du ciel au secours des migrants.

Le 27/01/2020

« Je regrette que certains politiciens ne considèrent pas ces migrants comme des humains mais comme un problème. » Ces mots sont ceux de José Benavente, l’humanitaire qui a créé « Les Pilotes volontaires ».  La suite logique d’un engagement de longue date : « J’ai toujours voulu exercer un métier qui soit en lien avec le service aux autres, explique-t-il. Ça aurait pu être dans une association de quartier mais, pour ma part, c’était dans le cadre de la solidarité internationale. »

Au début des années 90, ce fils d’immigrés espagnols quitte son Venissieux natal et la banlieue lyonnaise pour la Sierra-Leone, en proie à une violente guerre civile. Les images y sont terribles : des milliers de déplacés, des femmes et enfants mutilés en raison du conflit… « Ce qui était difficile à admettre à mes débuts est le fait de savoir que ces situations ne sont pas des fatalités, mais qu’elles sont parfois voulues et entretenues par des groupes de pouvoir qui n’avait pour objectif que d’exploiter sans partage les richesses de ces pays en guerre. »

Après un an passé en Sierra-Léone, José enchaîne les missions humanitaires en Afrique : le Libéria, la Guinée, le Burundi… Durant toutes ces années passées en Afrique, une image le marquera à jamais, celle des enfants soldats : « On a l’habitude de voir de enfants à l’école mais pas sur un champ de bataille. Dans ces pays morcelés et contrôlés par des milices, on croise ces enfants arme à la main sur les routes, dans des villages, sur des points de contrôle. Ce qui est terrible, c’est de voir à quel point ils sont embrigadés ».

On ose renvoyer ces gens vers une mort certaine

José œuvre une vingtaine d’années dans l’action humanitaire sous l’égide d’Action contre la Faim, de la Croix-Rouge ou encore de la Solidarité Internationale. Et puis, en 2018, il décide avec son ami Benoît Miclon, un ancien pilote, de créer sa propre structure : « J’étais sensibilisé par la situation en mer Méditerranée puisque ces personnes qui risquent leur vie en voulant atteindre l’Europe viennent de pays dans lesquels j’ai travaillé ». Il poursuit : « Dans les années 2000, je me rappelle lors de ma mission en Guinée avoir été choqué par les naufrages qui se produisaient déjà à l’époque entre le Sénégal et les Canaries. Il y avait déjà à cette période des gens qui tentaient de rejoindre l’Europe ».

Les deux amis cumulent leurs économies pour acheter un petit avion, dans l’idée d’appuyer l’action des ONG déjà présentes sur place. La mise en place du dispositif est alors urgente, les beaux jours arrivant et la saison des embarcations de fortune aussi. Après six mois de préparation, les opérations commencent, les vols d’observation partent des côtes italiennes vers le littoral libyen : « Avant de partir en vol, on doit d’abord s’assurer que l’on va pouvoir décoller et revenir au même point en toute sécurité, éclaire José Benavente. Immédiatement après, on regarde les conditions météos aux environs des côtes libyennes. On reste toujours dans les eaux internationales à la recherche d’éventuelles embarcations. ».

Une fois les bateaux repérés, les pilotes signalent leur position auprès des garde-côtes des Etats conformément au droit maritime international. Néanmoins, José constate qu’aujourd’hui seules les ONG respectent ledit droit : « Le droit nous dit que toute personne secourue en mer doit être débarquée dans un port sécurisé et ses droits seront garantis mais les Etats préfèrent le système de l’interception avec un retour des naufragés vers la Lybie, regrette-t-il. On sait que les pires exactions y sont commises : des viols, des ventes d’êtres humains et de l’esclavagisme… » Il ajoute, avec de l’émotion dans la voix : « Il faut se rendre compte que la plupart sont en exil depuis deux ou trois ans et qu’ils risquent leur vie en prenant des risques insensés. Ces gens ont été témoins de choses abominables et malgré cela, on ose les renvoyer vers une mort certaine. »

95 vols et 4300 vies sauvées

Depuis leur première mission en mai 2018, les Pilotes volontaires ont vu leurs effectifs augmenter jusqu’à compter aujourd’hui 14 bénévoles dont 8 pilotes professionnels venus de toute la France qui, durant leurs congés, se relaient sur zone pour effectuer le survol de la Méditerranée. En 95 vols, 78 embarcations ont été repérées et leur action a permis de sauver plus de 4300 personnes. Cependant, quelque chose atténue toujours l’enthousiasme de José : « Il y a quelques jours (l’entretien a été réalisé en décembre, ndlr), on a repéré au large de Lampedusa 7 embarcations avec plus de 230 personnes répartis les bateaux, mais ce qui nous inquiète plus, c’est qu’on a repéré 3 épaves qui flottaient avec personne à bord et pour lesquels nous ne savons pas ce qu’il s’est passé. »

L’association ne dispose d’aucun appui politique et ne vit que par les dons et les bénévoles, ce qui compliquent l’action des pilotes puisqu’une mission de survol coûte entre 1000 et 1500 euros, José Benavente insiste donc sur l’importance que peut avoir le moindre don d’anonyme : « J’ai l’impression que les personnes qui sont en situation financière difficile et qui ne peuvent donner que très peu ont tendance à se sentir coupables. J’entends souvent ‘Je donnerais bien mais comme je n’ai pas grand-chose, il vaut peut-être mieux que je ne donne rien’. Mais il n’y a pas de petit don ! » Et l’humanitaire d’insister : « Un don d’un euro additionné à dix mille autres dons d’un euro nous permettra de faire plusieurs missions. »

Félix MUBENGA, pour la revue "So Good".

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23 novembre 2014 7 23 /11 /novembre /2014 18:51
Denis Mukwege, le garde du corps des femmes violées.

Denis Mukwege a remporté mardi le prix Sakharov 2014, décerné par le Parlement européen, qui récompense les figures militantes pour les droits de l'Homme et la liberté d'expression. Depuis quatorze ans, ce gynécologue soigne inlassablement les femmes du Kivu, en République démocratique du Congo. Il répare le corps de celles, qui, violées par des soldats, sont perçues comme autant de territoires à dominer pour gagner la guerre. Portrait.

La province du Kivu, en République démocratique du Congo, l’un des pires endroits au monde pour les femmes. Les conflits se succèdent depuis les années 1990, et pour contrôler les territoires, les groupes armés pulvérisent les corps et les âmes. Les soldats violent les femmes, les mères, les filles, les sœurs. Des exactions qui traumatisent aussi les enfants, humilient les hommes, distillent des poisons. 500 000 Congolaises victimes en seize ans, lit-on dans un vertige. Dans cet enfer sur terre, un ange gardien veille sur les femmes de la région. Un colosse au regard profond et à la voix douce, qui depuis, 14 ans, les recueille et les soigne. Un homme bon, sur lequel les plaies de la guerre se sont abattues. Après avoir reçu le prix de la Fondation Chirac pour la prévention des conflits et pour son engagement auprès des victimes de violences sexuelles en 2013, le Dr Denis Mukwege, gynécologue de 58 ans, a remporté hier le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit, attribué l'an passé à Malala. Pourtant, quand il a ouvert l’hôpital de Panzi en 1999, il était loin d’imaginer sa vocation.« Je voulais lutter contre la mortalité maternelle », explique t-il.

Derrière chaque chiffre, il y a avant tout une femme qui a perdu son intégrité physique et psychologique

« Après mes études de médecine à Angers, j’avais décidé de revenir au Congo. En France, je n’avais jamais vu une femme mourir en donnant naissance, alors que chez moi, cela arrivait presque quotidiennement. » Il ouvre d'abord un service de maternité à l'hôpital de Lemera. Mais à cette même époque, le Congo est en guerre. Après s'être réfugié au Kenya, il revient dans le Kivu. « Moi, j’étais médecin, en temps de paix comme en temps de guerre ! J’ai demandé à l’Unicef des tentes et du matériel. » Les tentes sont pillées, alors il réhabilite deux bâtiments, et c’est ainsi que l’hôpital de Panzi sort de terre. Sa première patiente, il s’en souvient comme si c’était hier « Elle m’a bouleversée. Au lieu de faire une césarienne pour donner naissance, j’ai opéré une femme d’une trentaine d’années qui avait des blessures par balles au niveau des cuisses, des plaies multiples à l’appareil génital », se remémore-t-il. Ce n’est qu’après avoir été soignée qu’elle lui avoue avoir été violée et torturée.

« Au début, je pensais que c’était l’acte d’un seul homme, d’un barbare.» Mais quand, quelques mois après l’ouverture de l’hôpital, il a déjà reçu 45 femmes avec des blessures de ce type, il commence à comprendre qu’elles ne sont pas des cas isolés. « Mais je ne savais pas encore que j’étais face à une effroyable épidémie de violence. »

Aujourd’hui, quatorze ans après l’ouverture de l’hôpital, il a soigné plus de 40 000 femmes. Mais le docteur Mukwege n’aime pas trop aligner les chiffres. Comme si cette comptabilité morbide risquait de désincarner une fois encore ces victimes que le viol a déjà déshumanisées.

« Derrière chaque chiffre, il y a avant tout une femme qui a perdu son intégrité physique et psychologique, qui est handicapée, perd ses urines, est rejetée par son mari. Si on peut voir les victimes comme ça, alors on pourra peut-être être poussés vers l’action. »

Le viol comme arme de guerre est bien plus destructeur que les canons, c’est ce que le Dr Mukwege dénonce inlassablement auprès de la communauté internationale.

« Comment perturber davantage un homme que de violer sa fille devant ses yeux ? » Ce combat, il le mène parfois au péril de sa vie. Le 25 octobre 2012, des hommes armés l’attendent à son domicile et il échappe à une attaque, dans laquelle est tué l’un des gardiens de sa maison. Il s’exile quelques mois en Belgique, mais finit par rentrer au Congo. Aujourd’hui, il vit à l’intérieur de son hôpital. Mais le sacerdoce du docteur et de son équipe ne se limite pas aux seules opérations chirurgicales ou soigner les MST. Pour se reconstruire mentalement, elles participent à des activités théâtrales, des ateliers de couture, suivent des cours d'informatique, bénéficient de micro-crédits. Mais surtout, elles reçoivent un soutien psychologique pour parvenir à se reconstruire un avenir, à accepter la naissance de leur enfant, fruit de cet acte barbare ...

La force des femmes est l’une des grandes découvertes de ma vie

Les prix se succèdent et les conférences décrivent les horreurs : les femmes qui arrivent à l'hôpital de Panzi avec le bassin brisé, les soldats qui violent collectivement devant les maris et ouvrent le feu sur le sexe de leur victime. Et pourtant, aucune décision forte n'est prise pour mettre fin à ces massacres qui contribuent aussi à propager le VIH. Une pétition a circulé cet été pour réclamer la création d’un tribunal pénal international pour juger les viols de guerre en RDC. « C’est indispensable ! L’impunité en la matière est intolérable et c’est encore trop souvent le cas. » Il y a quelques mois, douze militaires ont été jugés. Une goutte d’eau ? Un début pour Denis Mukwege, qui, malgré ces déchaînements de haine quotidiens, ne se décourage pas.

Où puise-t-il les ressources pour continuer ? On pense à la foi, sachant qu’il a été élevé par un père pasteur. Mais c’est à la force des femmes qu’il rend hommage. « C’est l’une des grandes découvertes de ma vie », poursuit-il. « J'opère des femmes qui ont été torturées par des hommes, dont les points d'entrée et de sortie des balles sur le corps me laissent encore perplexe. Mais leur première question au réveil concerne toujours les autres, la santé de son entourage. La plupart des victimes deviennent ensuite activistes pour combattre ces violences. C’est une capacité qui m’étonne beaucoup, parce que je les ai vues dans un état de faiblesse extrême. Est-ce que moi, j’aurais cette force ? »

L’engagement doit venir des hommes aussi

L'année dernière, il était l’un des favoris pour recevoir le prix Nobel de la paix. Le comité lui avait finalement préféré l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. S’il semble trop concerné par l’urgence du réel pour se perdre dans l’aigreur, il glisse quand même : « Si on trace la ligne rouge pour les armes chimiques, pourquoi ne pas le faire pour les violences faites aux femmes ? »

Nous avons tous une mère...Pourquoi ne peut-on pas se mettre à la place de ces femmes ?

Pour expliquer l’immobilisme, il n’accuse pas mais en appelle à notre universalité. « Nous n’avons pas encore fait suffisamment d’efforts pour comprendre ce qu’est un viol pour une femme. Pas un simple rapport sexuel sans consentement, mais un déni de l’humanité de l’autre. C'est comme si on tuait une personne, mais en la laissant en vie. » Il est persuadé que les choses ne bougeront que lorsque la violence sexuelle cessera d’être un combat défendu d’abord par les femmes. « L’engagement doit venir aussi bien des hommes. Quand un homme viole, c’est la faute de toute la société. Des leaders politiques masculins doivent porter ces questions. Il faut atteindre une masse critique, mais elle arrivera ! »

Père de plusieurs filles et d’un fils, il dit avoir fait très attention à enseigner à ce dernier le respect des femmes. Car, à ses yeux, pour éviter que la guerre donne lieu à ces horreurs, il faut qu’en temps de paix, l’éducation ait joué son rôle.

Incessant combattant de la cause de ces femmes, qui n’ont parfois que lui comme allié, une pointe de tristesse affleure dans sa voix. « Ce devrait être une évidence, une question qui pourrait être comprise par tout le monde. Nous avons tous une mère, alors pourquoi ne peut-on pas se mettre à la place de ces femmes ? Pourquoi accepte-t-on qu’elles souffrent ? »

par Gaelle Rollin, pour Le Figaro.

Octobre 2014.

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24 octobre 2014 5 24 /10 /octobre /2014 13:51

Le Trifluvien Guillaume Vermette a pris part à une mission de Clowns sans frontières, pendant laquelle il a tenté de faire un peu oublier la guerre aux enfants dans un camp de réfugiés syriens.

Il s'est rendu en Jordanie en compagnie de 20 autres personnes membres l'organisme Clowns sans frontières.

Équipé de son casque d'aviateur, ses lunettes et son dentier, son personnage, le clown Yahoo, fait rigoler. Dans le camp de réfugiés, il n'y avait toutefois pas vraiment matière à rire.

« De tous les voyages humanitaires que j'ai faits, c'est celui où il y a le plus d'enfants qui ont figé au premier cas », se souvient-il. « En premier lieu, parce qu'ils ont perdu confiance en l'humanité, en l'homme. »

La guerre civile, qui dure depuis près de trois ans en Syrie, a tué plus de 100 000 personnes selon l'ONU, dont au moins 6.500 enfants.

« Ce qu'on amène là-bas en tant que clown, en tant qu'humain, c'est plein d'amour, de joie, d'humanité. C'est complètement contradictoire avec ce qui se passe là-bas : les bombes, les armes, la guerre... Il y a quelque chose que je trouve beau là-dedans, que je trouve pertinent. » Guillaume Vermette

Un premier contact difficile

Le clown de 25 ans a trouvé difficile d'entrer en contact avec ces enfants, dont plusieurs ont perdu leurs parents dans le conflit. Il y est parvenu à force d'imagination. « Je donnais vie à un objet, par exemple en gonflant un gant de docteur et en lui mettant un nez rouge et mon chapeau d'aviateur. Puis, je faisais prendre vie à ce "clown-ballon" pour faire rire les enfants. »

Guillaume Vermette admet que sa formation universitaire en psychologie lui a été aussi utile que sa formation en théâtre clownesque.

Il a constaté que beaucoup d'enfants avaient oublié comment sourire et jouer. Le contact avec des clowns leur a rendu un peu de leur enfance. « On n'est pas en train de sauver le monde ou de régler des problèmes de famine », convient-il, « mais on est capable d'aider des gens à regagner espoir et à se rappeler comment s'amuser, rire, aimer ».

« Il faut avoir une certaine carapace »

Guillaume Vermette revient transformé de ce séjour. « Il faut avoir une certaine carapace... Il faut en avoir vu d'autres, je pense, pour arriver dans un contexte de guerre. »

Dans le camp de réfugiés, il a entendu les histoires parfois difficiles de ceux qui ont traversé les horreurs de la guerre. Des mères lui ont même demandé de prendre leur enfant et de l'emmener au Canada.

« Pendant les animations, garder sa bonne humeur, c'est plutôt facile : ce que l'on partage avec les gens, c'est beau - et ils en ont besoin », convient-il. « Mais c'est après que ça peut se gâter. Quand on sort de notre personnage, que l'on se retrouve seul dans l'autobus... c'est souvent à ce moment-là que les clowns vont pleurer. »

Reportage de Maude Montembeault

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