Impossible n'est pas français !
Avec Valérie Rabault, Karine Berger, l'économiste a écrit un scénario fiction gagnant pour la France en 2040 et
veut redonner le sourire au « modèle français »
Ce n'est pas pour leurs enfants que Karine Berger et Valérie Rabault ont écrit « lesTrente Glorieuses sont devant nous» (1).Ces deux jeunes économistes n'en ont pas encore. C'est d'abord un message aux politiques et aux Français : la France n'est pas foutue, elle a encore une chance de sauver son industrie, ses emplois et de connaître une croissance enviable dans les trente prochaines années.
Mais attention : la passe est étroite ! Il faut une volonté de fer.
Voilà déjà une douzaine d'années que Karine Berger scrute l'économie française: après Polytechnique, Sciences-Pô et l'Ensae, elle a
alterné les meilleurs postes d'observation. Au ministère des Finances, elle a été chargée de faire les prévisions de croissance, qui servent de base au budget de l'Etat. A la direction de la
Concurrence, elle s'est penchée sur les fusions entre entreprises. Elle a ensuite piloté la célèbre « Note de conjoncture » de l'Insee, référence en matière
de tendances économiques,avant de rejoindre le groupe Euler Hermès, qui assure les entreprises contre les défauts de paiement de leurs clients. «A ce poste, je rencontre en permanence des PME,
explique-t-elle, et j'en vois beaucoup qui fonctionnent bien. Un grand écart avec le discours ambiant.»
Sa coauteur, Valérie Rabault, qui travaille chez BNPParibas, observe de près les réussites des grands groupes français. Là non plus, pas de quoi se flageller.
Prenant les « déclinistes » à rebours, les deux jeunes femmes engagées (elles militent au PS) veulent redonner le sourire au « modèle français ». Pour être concrètes, elles ont imaginé un scénario fiction dans lequel le président élu en 2012 remet au goût du jour une forme de planification, autour d'une nouvelle énergie photovoltaïque, de la recherche sur le vieillissement, des transports du futur... Il remet en marche la « cordée public privé ». Il relance l'axe franco-allemand. Il refuse les phénomènes de ghettoïsation - qui coûtent cher à la croissance - et investit dans l'éducation. L'équité fiscale et salariale redevient à la mode. Les grands projets, la croissance démographique, la différence française attirent de plus en plus de chercheurs et de diplômés étrangers. Le cercle vertueux s'enclenche...
Utopique? «Peut-être, reconnaît Karine Berger, mais avons-nous le choix ? Si nous ne trouvons pas le chemin de
la croissance, nous devrons réduire les dépenses pour redresser nos comptes publics, ce qui affaiblira l'économie et aggravera le problème de la dette. Un cercle vicieux. » La thèse plaît en tout
cas. Interviews dans « Capital » sur M6, dans
« Elle » ou « le Parisien », contact avec Thierry Ardisson : Karine Berger et Valérie Rabault sont devenues les égéries de l'«économie
positive».
Reste à convaincre les candidats pour 2012...
Karine Berger: dates:
1973. Naissance à Limoges.
1993. Diplôme de Polytechnique.
1998. Direction du Trésor.
2001. Chargée du cours de politique économique à l'ENA
2004. Rédactrice en chef de la «Note de conjoncture » de l'INSEE
2007. Candidate PS aux législatives dans les
Hautes-Alpes.
2008. Rejoint Euler Hermès et devient directrice du marketing, de la stratégie et des
études
de l'assureur crédit
Sophie Fay. Nouvel Observateur
(1) Editions Rue Fromentin.